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L’amendement du gouvernement instaurant le malus au poids pour les véhicules de plus de 1,8 tonne a été déposé fin octobre. Constructeurs et concessionnaires sont vent debout contre cette nouvelle taxe jugée par beaucoup « hors sujet ».
Dans le contexte d’une crise économique, la pilule a du mal à passer. L’amendement pour une nouvelle taxe sur les véhicules de plus de 1,8 tonne a été déposé le 26 octobre dernier, lors des discussions autour du projet de loi de finances. Les constructeurs automobiles commencent à monter au créneau, suivis de près par les concessionnaires. « On est des vaches à lait, on ne fait que payer ! J’ai déjà assez de problèmes comme ça », s’emporte un professionnel poitevin, qui préfère couper court.
C’est peu dire que la filière a été surprise par ce revirement du gouvernement. « On n’a pas reçu de note officielle », confirme Mickaël Brissiaud, qui suit le dossier « de loin » par le biais des médias. Le concessionnaire de l’Espace des Nations, à Migné-Auxances, ne devrait pas être le plus touché par le malus. « Nous n’avons aucun modèle au-dessus de 1,8 tonne, sauf un Kia hybride qui sortira en 2021 et devrait dépasser légèrement ce seuil. La taxe va plutôt concerner des marques comme Land Rover, Volvo, Mercedes… » Pour l’essentiel, des voitures construites à l’étranger. « Elle vise surtout les SUV allemands », analyse Dominique Frangolacci, le directeur de la concession Mercedes-Benz à Poitiers.
« Totalement incohérent »
Les automobilistes concernés devront s’acquitter d’une taxe de 10€ par kg supplémentaire au seuil de 1,8 tonne « en ordre de marche ». Par exemple, il faudrait compter un surcoût d’environ 7 000€ pour acquérir le Classe G de Mercedes-Benz (entre 2 430 et 2 580 kg à vide) ! A noter aussi que cette taxe s’ajoutera au malus écologique, leur montant total ne pouvant pas dépasser le plafond de 40 000€ fixé en 2022, 50 000€ en 2023. La facture n’en sera pas moins salée pour les amateurs de véhicules tout-terrain. « Les conditions d’achat vont devenir compliquées pour ces modèles », déplore Mickaël Brissiaud.
Pour Dominique Frangolacci, le malus au poids est « hors sujet ». « L’objectif de cette taxe est de polluer moins, mais ce type de véhicules ne représente qu’une très faible part des ventes en France (seulement 2%). Les taxer n’aura pas un impact suffisant sur les émissions de CO², d’autant plus sans tenir compte du kilométrage effectué… C’est totalement incohérent. » Et à contre-courant des tendances du marché, d’après le concessionnaire. « On demande plus de sécurité, de technologies embarquées, d’hybrides… Les voitures sont forcément plus lourdes ! » L’amendement confirme que les véhicules 100% électriques, les voitures hydrogène ou les hybrides rechargeables capables de faire 50km en tout-électrique ne seront pas concernés par la taxe. Ce qui sera le cas des véhicules d’occasion, lesquels pourront tout de même bénéficier d’une réduction de 10% par année depuis leur première immatriculation, pour les véhicules importés de plus de six mois. Des réductions sont aussi prévues pour les familles d’au moins trois enfants (de 200kg par enfant, pour un seul véhicule cinq places).
D’abord envisagé pour 2021, le malus devrait être mis en application à compter du 1er janvier 2022... si jamais le texte est voté. « Le malus au poids que nous instaurons est un signal fort et nécessaire pour mieux prendre en compte l’empreinte écologique des véhicules les plus lourds », s’est félicitée sur Twitter la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Pour Dominique Frangolacci, la meilleure solution serait simplement de « moins rouler ». Et c’est un concessionnaire qui le dit !
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lundi 23 décembre