Un Poitevin 
au chevet de Mayotte

Yves Kocher est depuis le 3 janvier expert de haut niveau en charge du plan eau de Mayotte. L’ex-directeur général d’Eaux de Vienne raconte ses premiers jours sur place, où les traces du cyclone Chido sont encore très visibles.

Arnault Varanne

Le7.info

Il a posé le pied à Mamoudzou vendredi 10 janvier... peu avant le passage de la tempête tropicale Dikeledi sur Mayotte, qui a nécessité « un confinement des habitants pendant trois jours ». Yves Kocher a donc été tout de suite dans le vif du sujet, un mois après le cyclone Chido, dévastateur pour l’archipel de l’océan Indien. « On voit encore de très nombreuses séquelles du vent, des toitures arrachées, la végétation à terre, des véhicules endommagés... », témoigne le nouvel expert de haut niveau en charge du plan eau de Mayotte. Lorsqu’il a reçu le feu vert de sa nomination -en novembre-, l’ancien directeur général d’Eaux de Vienne ne s’attendait pas à vivre une prise de fonction aussi « sportive ».


« Le seul recours, 
c’est l’Etat »

« Il y a une charge mentale qui monte dans la population, sans doute, avance le haut fonctionnaire. L’école devait rouvrir le 13 janvier, elle ne rouvrira finalement partiellement que cette semaine et définitivement le 27. Et la population est très jeune ici. » Lui qui a travaillé dans une vie antérieure à Papeete en Outre-Mer mesure les attentes des habitants vis-à-vis de l’Etat. 
« De nombreux militaires, gendarmes, personnels médicaux, de la sécurité civile sont déployés. Il ne m’appartient pas de dire si la présence de l’Etat est suffisante ou pas. La colère des habitants ? Quand vous êtes totalement démunis, sans eau ni électricité ni nourriture, le seul recours, c’est l’Etat. »

« Utile à [sa] place »

Par le passé, Yves Kocher a déjà assuré des missions à Papeete et en Nouvelle-Calédonie. La troisième en Outre-Mer sera évidemment différente, d’abord parce qu’« historiquement, Mayotte est concerné par des enjeux d’eau potable, comme d’immigration et de pauvreté ». 
Ici, malgré la présence d’un syndicat d’eau « structuré de la même manière qu’Eaux de Vienne », les habitants subissent des coupures « deux à trois nuits par semaine ». « L’un des enjeux du plan 2024-2027 sera de réduire les tours d’eau et, si possible, d’y mettre fin. » Si Chido a préservé les infrastructures, le réseau devra être renforcé. « Cela signifie de nouveaux forages, des prises d’eau en rivière, la construction d’une autre usine de dessalement d’eau de mer... Il faut au maximum diversifier les ressources. C’est un plan à plusieurs centaines de millions d’euros », abonde Yves Kocher. Lequel se sent 
« utile à [sa] place ». Le Poitevin réside désormais à Petite-Terre, à quinze minutes en barge de Mamoudzou.
 

FiltraLife reste mobilisée
Un autre acteur de la Vienne est aussi mobilisé depuis le passage du cyclone à Mayotte, mi-décembre. La jeune startup FiltraLife fabrique des machines capables de rendre potable n’importe quelle eau frelatée sans électricité, ni produit chimique (Le 7 n°633). Dès les premiers jours, les discussions se sont engagées. « En réalité, nous étions en relation avec l’Etat depuis plusieurs mois pour équiper les territoires d’Outre-Mer et assister l’armée en opération extérieure », souligne le dirigeant Auguste Minot. Il assure avoir maintenu son outil industriel disponible durant les fêtes afin de répondre à une éventuelle commande de l’Etat qui, pour l’instant, n’est pas venue. En attendant, l’entreprise de Valence-en-Poitou continue de livrer ses autres clients en Côte d’Ivoire et dans le Pacifique.

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