
Hier
Dès les premiers pas dans la cour principale, le lieu transporte curieux et passionnés de botanique dans un monde suspendu, où la nature semble avoir repris ses droits. Avant d’emprunter le petit pont de style roman qui enjambe les douves habillées de rosiers grimpants, le regard est naturellement attiré par la chapelle et l’authenticité du bâtiment classé. Au Prieuré de Laverré, à Aslonnes, plus de 600 espèces florales s’épanouissent autour de murs chargés d’histoire, dans un parc labellisé « jardin remarquable ». Dès 1967, Jeanne Bernard et son mari Henry, disparu il y a six ans, ont transformé ces anciennes prairies en un écrin végétal de deux hectares, inspiré par l’héritage monastique. Chaque plante y raconte une histoire. Ce rosier chinois, par exemple, « a tué trois arbres mais je le garde, car il n’a pas d’épines et donne chaque année de magnifiques fleurs jaunes pour les couronnes des enfants », confie la propriétaire. Plus loin, un rosier du Tibet -« l’un des premiers au monde »- ou encore un arbre aux mouchoirs, dont les fleurs blanches évoquent des serviettes pliées. « J’ai consacré ma vie à ce jardin. Le voir décoré est un grand honneur, d’autant qu’il fut l’un des premiers à être distingués par le ministre(*), en 2004. »
En parcourant les allées sinueuses des jardins en demi-cercle du Prieuré, un détail saute aux yeux : ici, tout semble pousser en liberté. Dans la partie botanique, d’imposantes masses de rosiers s’élèvent parfois jusqu’à 20 mètres. « Un beau jardin doit laisser vivre les plantes », revendiquent Jeanne et son complice François. Plutôt que de lutter contre le lierre, ils le laissent grimper. Il soutient les rosiers alourdis par les années et fait le bonheur des abeilles. L’esthétique s’accorde au vivant. Aucun produit chimique n’est utilisé, et les fruits sont laissés sur les branches, à la disposition des oiseaux qui nichent dans ce jardin refuge. A quelques encablures, le jardin anglais éveille les sens par ses effluves puissants. Rien d’étonnant, y trône un majestueux poivrier du Sichuan de sept mètres. Plus loin, le murmure du ruisseau mène à une allée de tilleuls qui veille sur un petit jardin carré de style Renaissance, dont la simplicité invite au calme et à la contemplation.
Ouverture à partir de samedi et jusqu’en octobre, tous les jours sauf le mardi de 14h30h à 19h. Tarif : 9€ adulte, gratuit enfants de moins de 12 ans et personnes handicapées.
(*)Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture.
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