
Hier
Une jeune femme dans une robe bleu ciel comme toute droit sortie d’un film de cape et d’épée qui court, éperdue, dans la forêt. Quelques plans plus tard, un téléphone portable sonne et la voilà qui extirpe l’objet de son jupon. L’anachronisme est évidemment trop grossier pour être involontaire, surtout de la part de Régis Wargnier, réalisateur à la longue filmographie. Mais alors, pourquoi cette étrange scène d’exposition pour ramener presque aussitôt le spectateur dans la cuisine du père de la gente demoiselle ? Mystère. Et d’un ! serait-on tenté d’écrire. La Réparation en est truffée, au point de créer une ambiance de thriller, mais un thriller où la tension resterait sourde, presque douce, autour de la disparition du chef Pascal Jankovski.
Alors qu’il est sur le point de recevoir sa troisième étoile, au cours d’une partie de chasse, il se volatilise mystérieusement avec Antoine Desmartins, l’amant de sa fille et son second. Deux ans plus tard, Clara reçoit une mystérieuse invitation pour la foire à la gastronomie de Taïpei. La cuisine asiatique a beaucoup inspiré la cuisine de son père, ce ne peut pas être une coïncidence. La fille du célèbre chef débarque donc incognito à Taïwan.
Ainsi va l’histoire racontée par les images, efficaces et centrées sur les émotions de personnages qui parlent plus qu’ils ne font, en prenant soin de garder ouverte la porte des silences. Au gré de leurs échanges, ils racontent le passé, ce qui ne se voit pas, ce qu’ils ont vu, ce qu’ils voudraient croire… Et c’est ainsi que, par petites touches, d’un récit à l’autre, Régis Wargnier emprisonne le spectateur dans un étrange jeu de rôles.
Clovis Cornillac est parfait en chef bourru, Julien de Saint-Jean irréprochable dans le rôle du jeune premier tourmenté. Quant à Julia de Nunez, elle est juste impeccable dans le rôle de Clara. La comédienne aux faux airs de Brigitte Bardot, qu’elle a interprétée dans la série Bardot, est de tous les plans ou presque, jusqu’à la dernière image, dernière ode à la force du récit.
Drame, de Régis Wargnier, avec Julia de Nunez, Clovis Cornillas, Julien de Saint-Jean (1h44).
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