Tiers-lieu - Comment Le Sens du fil tisse des liens

Sixième volet de notre série sur les tiers-lieux. Rendez-vous cette semaine à Latillé, où Le Sens du fil tisse des liens durables autour d’activités telles que la ressourcerie, le café associatif, les ateliers bois/vélo ou encore son nouveau pôle formation-insertion, le bien-nommé Fil d’Ariane.

Arnault Varanne

Le7.info

La grande bâtisse aux volets défraîchis en impose place Robert-Gerbier. Sur sa façade, quatre panneaux colorés donnent le ton de ce qui se trame à l’intérieur. A Latillé, Le Sens du fil prend de plus en plus de place, au sens propre comme au figuré. Le fruit de cinq ans d’un long et patient travail de construction, orchestré notamment par Dorine Jadeau et David Nelibois(*). La première coordonne le tiers-lieu, le second s’occupe de la ressourcerie. « Ce lieu a un vécu. Cette maison de famille a abrité un café-restaurant, auquel est accolé un atelier de menuiserie fermé depuis 2015. On a tout de suite perçu le potentiel en termes d’animation, de création de lien social, de vie tout simplement... », 
devise Dorine.

Un chantier participatif

Comme dans beaucoup de tiers-lieux, les bénévoles ont d’abord enfilé le bleu de chauffe pour 
« refaire l’électricité, l’isolation, enlever les huisseries du XVIIIe, mettre du chauffage et désencombrer ». Le « QG » du Sens du fil porte d’ailleurs encore quelques stigmates, mais la pièce centrale entièrement rénovée et le bar associatif où se déroule un événement par semaine témoignent du travail effectué. De quoi se projeter loin, avec la ressourcerie comme pilier de l’association. « Dès le départ, on a été submergé d’appel pour des collectes, des dons... » 
Vingt tonnes de matériels (vélos, meubles, électroménager...) sont tombées dans son escarcelle l’année dernière, revendues pour une part à petit prix dans un magasin situé à Boivre-la-Vallée. 


Le Fil d’Ariane

« En amont, nous trions, nettoyons, réparons et valorisons les objets dans ces locaux », précise la coordinatrice. Les biens de valeur sont, eux revendus sur des sites spécialisés. Une armée de bénévoles contribue à ce travail de l’ombre, essentiel pour les finances du Sens du fil et ses cinq salariés, deux à temps plein en CDI, trois à temps partiel. L’équilibre économique est à ce prix, même si l’atelier bois sert aussi à faire vivre le tiers-lieu, soutenu entre autres par la Région.

Fort de son équilibre financier et de son succès populaire, Le Sens du fil a réussi à faire aboutir un autre projet : le lancement d’un pôle formation-insertion, Le Fil d’Ariane. « Pour des jeunes ayant décroché, des publics fragilisés éloignés de l’emploi ou en difficulté socio-économique. L’idée est de leur tendre un fil pour qu’ils sortent du labyrinthe. » La première « promo » a pris ses quartiers en janvier, la seconde arrivera à la rentrée 2025, sous la conduite d’un accompagnateur social et en partenariat avec Indigo formation ou la Mission locale d’insertion. Participation aux ateliers tri des livres, reconditionnement informatique, initiation à la menuiserie, cuisine... Les stagiaires touchent à tout, afin de leur permettre de « reprendre confiance en eux », 
et se mêlent évidemment aux autres usagers du tiers-lieu. Environ deux cents personnes adhèrent à l’association, elles sont encore plus nombreuses à la fréquenter tous les mois. La grande bâtisse de la place Robert Gerbier a l’avenir devant elle.

(*)Six personnes ont contribué au démarrage du Sens du fil : Dorine Jadeau, David Nolibois, Andréas Livet, Sophie Maurice, Mélanie Jolly et Mehdi Rigaud.

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