
Hier
Les jours s’étirent, les premières fleurs pointent, et avec elles le ballet des abeilles qui sortent enfin de leur hivernage. Sans oublier les premiers coups de binette au jardin. En bref, le printemps est là. Difficile d’imaginer qu’un insecte à peine plus gros qu’un pépin de pomme trouble depuis dix ans la quiétude des habitants et bouleverse la biodiversité : 12M€ de pertes pour la filière apicole, 20% de la population d’abeilles domestiques décimées et un décès dans la Vienne l’an passé. Le responsable porte un nom : Vespa velutina, le frelon asiatique en français. « Une seule reine arrivée par conteneur en 2004 a suffi à créer une population d’un million d’individus. Son impact est énorme car elle n’a aucun prédateur naturel », explique Nacer Bouhraoua, président de la Maison de l’abeille et de la nature, à Châtellerault. Faute de financement départemental pour appliquer le plan national de lutte contre la prolifération, quelques apiculteurs ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps. « On a fabriqué des pièges sélectifs, à partir de simples boîtes en plastique et de grilles type garde-manger de 9mm. Ce calibre est crucial pour éviter de piéger d’autres espèces », détaille Jacques Habrias, apiculteur amateur à Montamisé. Ces grilles calibrées sont accessibles lors des ateliers de sensibilisation organisés par l’apiculteur et à la Maison de la nature. Reste à concocter l'appât : « Pour piéger efficacement, il faut des odeurs fortes, près d’arbres ou de points d’eau. Un tiers de sirop de cassis pour son odeur prononcée, un tiers de bière pour que la mixture fermente et amplifie l’effluve et un tiers de vin blanc pour éloigner les pollinisateurs. »
Le nombre de piqûres a nettement augmenté, en raison de la prolifération des insectes ces dernières années, mais aussi parce que les nids sont désormais plus bas, souvent dissimulés dans les haies ou dans le sol. « Un frelon ne pique pas sans raison, sauf si l’on passe la tondeuse au-dessus de son nid ou qu’on s’en approche à moins de cinq mètres », précise Jacques Habrias. Si le venin du frelon est identique à celui de la guêpe, sa piqûre est plus douloureuse. Certaines molécules stimulent davantage les neurones responsables de la sensation de douleur. « Entre avril et juin, les reines sortent pour bâtir leur nid. C’est maintenant qu’il faut poser les pièges pour éviter leur installation. »
Contacts : 07 68 38 36 48 ou man.chatellerault@gmail.com Jacques Habrias à frelon.asiatique.lutte86@gmail.com.
À lire aussi ...