Hier
Quelles qualités faut-il pour être un bon parlementaire ? A la veille du premier tour des élections législatives, réponse de deux anciens députés de la Vienne, Catherine Coutelle et Alain Claeys.
Quatre circonscriptions, quarante-trois candidats, deux tours... On vote dimanche dans la Vienne pour les Législatives, une élection nationale qui ne semble pas passionner les foules deux mois après la Présidentielle. « Peut-être que si on était dans un régime plus parlementaire, les gens s’y intéresseraient davantage », s’interroge Catherine Coutelle, députée entre 2007 à 2017. Une décennie d’engagement au cours de laquelle l’élue socialiste a jonglé habilement entre présence dans la circonscription -la deuxième- et travail « ingrat » en commission. Les salles feutrées du Palais Bourbon sont moins visibles que l’hémicycle exposé au grand public et aux journalistes...
« Un député qui fait bien son travail doit veiller à cet équilibre et faire en sorte de se spécialiser. Mais il est avant tout un élu de la Nation et doit défendre l’intérêt général », prolonge l’ancienne conseillère municipale de Poitiers. Qui fait la différence entre « majorité » et « opposition ». Pendant très longtemps, Catherine Coutelle s’est impliquée dans la défense des droits des femmes, et en particulier des victimes de prostitution. La loi promulguée en 2016 sur la pénalisation des clients ne porte pas son nom, mais c’est tout comme. « Tout le monde n’est pas Simone Veil ou Robert Badinter ! » Façon de dire que la lumière et la postérité ne doivent pas constituer des moteurs essentiels à l’Assemblée. A fortiori quand on est dans l’opposition, entre 2007 et 2012 pour elle.
« Moins de lois de circonstances »
Alain Claeys, lui, a passé vingt ans de sa vie dans le costume de député de la 1re circonscription de la Vienne. « Un territoire qui est une sorte de mini-France avec des problématiques urbaines, rurales et périurbaines », glisse-t-il. Comme Catherine Coutelle, l’ancien maire de Poitiers conseille aux nouveaux élus de « se spécialiser » et de « beaucoup travailler ». Lui s’est intéressé très tôt aux questions de finances -« j’ai eu beaucoup de chance »-, d’enseignement supérieur et de recherche, puis de bioéthique dans un deuxième temps. « J’ai mis deux ou trois ans à comprendre tous les termes et tous enjeux », reconnaît-il. Jusqu’à cosigner la loi sur la fin de vie de 2016 avec son collègue de l’UMP Jean Leonetti(*).
Les anciens élus se re joignent sur un point : trop de lois sont adoptées « sous le coup de l’émotion », Catherine Coutelle. « J’en ai un peu marre des lois de circonstances », ajoute l’ancien co-président de la mission d’évaluation et de contrôle de la commission des finances, dont la fonction consiste précisément à mesurer l’efficacité des textes. Car le Parlement n’est pas qu’une machine à produire de nouvelles « normes » ou à voter les projets de loi de l’exécutif. Une réforme à venir ? Les deux ex-socialistes plaident pour « un peu de proportionnelle » pour « mieux refléter la réalité des forces politiques ». Pas sûr pour autant que les électeurs se ruent en masse vers les urnes...
(*)Il est aujourd’hui membre du Comité consultatif national d’éthique et doit rendre prochainement un avis sur la fin de vie, dont il est rapporteur.
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lundi 23 décembre