
Aujourd'hui
On y entre rue du Général- Demarçay par une simple porte de garage sur laquelle a été fixée la caractéristique coquille jaune sur fond bleu. La halte jacquaire de Poitiers a rouvert ses portes mi-mars, non loin de l’église Saint-Hilaire-le-Grand (lire ci-contre). La présence de ce lieu d’accueil des pèlerins -440 en 2024- témoigne du lien que la ville et plus largement la Vienne entretiennent avec le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Du carrefour des Trois-Bourdons -du nom du bâton du pèlerin- à Poitiers, à la statue en bois polychromé du XVIIe siècle visible dans l’église Saint-Jacques à Châtellerault, les indices sont nombreux.
Depuis Port-de-Piles au nord jusqu’à Saint-Sauvant au sud (GR655), le département est traversé par l’un des quatre principaux chemins menant à la ville de Galice(*), la Voie de Tours ou Via Turonensis, qui part de la Tour Saint-Jacques à Paris. Municipales ou associatives, plusieurs haltes jacquaires ponctuent son tracé, à Poitiers, Châtellerault, Dissay, Lusignan… et depuis avril 2023 à Gençay. Pourquoi le pèlerin qui suit la Voie de Tours s’égarerait-il de ce côté-ci du département ? Parce qu’il existe un itinéraire secondaire, parallèle à la Via Turonensis, entre Angles-sur-l’Anglin et Charroux (GR48). « Cette voie était empruntée jadis par des pèlerins qui descendaient de Chinon pour aller à Charroux, alors un important centre de la chrétienté », explique Henri Largeau, le président des Amis des chemins de Compostelle en Vienne. Entre ces deux chemins, l’association créée en 2002 a entrepris de réhabiliter l’axe Ligugé-Charroux via Gençay, la « Via Pictavina ». Pendant près de deux ans, Philippe Planquette a ainsi travaillé sur ce « nouveau » circuit, long de 53km. « On a repris le tracé historique, obtenu toutes les autorisations. Il ne reste plus qu’à installer les quarante poteaux de balisage. »
(*)Les Voies de Tours, Le Vezelay, le Puy-en-Velay, et Arles convergent vers Puente la Reina, en Espagne.
Un pèlerin célèbre
Le père d’Aliénor d’Aquitaine, Guillaume X, comte de Poitiers, a trouvé la mort non loin de Saint-Jacques de Compostelle lors d’un pèlerinage.
Un guide du XIIe siècle
Le premier ouvrage consacré au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, Le Guide du pèlerin, daté du XIIe siècle, est attribué à un chanoine poitevin (Parthenay), Aimery Picault. On peut y lire une description tout à fait flatteuse du Poitou. « (…) Après Tours, l’on trouve le pays poitevin, fertile, excellent et plein de toutes les félicités. Les Poitevins sont des gens vigoureux et de bons guerriers, habiles au maniement des arcs, des flèches et des lances à la guerre, courageux sur le front de bataille, très rapides à la course, élégants dans leur façon de se vêtir, beaux de visage, spirituels, très généreux, larges dans l’hospitalité. »
Saint-Hilaire-le-Grand à l’Unesco
Comme 78 autres monuments et portions de chemins depuis 1998, l’église Saint-Hilaire-le-Grand est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France ». L’église est mentionnée dans le Codex Calixtinus, manuscrit du XIIe siècle, décrivant les principales étapes du pèlerinage vers le tombeau de saint Jacques le Majeur.
Mystérieux « pas de saint Jacques »
Il faut vraiment le chercher pour le trouver. Le « pas de saint Jacques », à Buxerolles, est un curieux rocher qui, selon la légende, porterait la trace du pied et du bâton de saint Jacques le Majeur.
Une légende
Le Codex Calixtinus rapporte que des pèlerins qui avaient demandé l’hospitalité au nom de Dieu et de saint Jacques à proximité de l’église Saint-Porchaire, à Poitiers, se la sont vu refuser. Heureusement, un pauvre homme les a finalement accueillis. Quand toutes les maisons de la rue ont pris feu du fait de la vengeance divine, seule celle du bon samaritain est restée intacte. Jean-François Boutineau, des Amis des chemins de Compostelle en Vienne, a ainsi recensé 22 légendes qui ponctuent la Voie de Tours dans Légendes sur un chemin de Compostelle.
Poitiers labellisée
Depuis le 26 janvier 2024, la Ville de Poitiers fait partie des « Communes haltes - Chemin de Compostelle en France », un label garantissant un accueil de qualité pour les pèlerins.
Un gâteau
Le compostelle, sorte de quatre-quarts agrémenté d’un glaçage au Cognac et raisins secs, a été créée en 2000, à la demande de Jean-Pierre Raffarin qui souhaitait en faire une spécialité du Poitou-Charentes, réalisée à partir de produits locaux. Parallèlement, une confrérie régionale de pâtissiers est née, dont il ne subsiste aujourd’hui que la Confrérie du cake de Compostelle de Charente-Maritime, avec une dizaine d’adhérents seulement. « Le compostelle est un gâteau que tout le monde n’a pas le droit de faire, on a signé une charte et fait un stage, supervisé par l’Inra », prévient son Grand Maistre Serge Soulard.
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