Sonorités
 oubliées

Hautbois du Poitou, cornemuses… Claude Girard redonne vie à des instruments à vent séculaires en s’appuyant sur des archives léguées par des musiciens du Vieux Continent. Une plongée dans le temps où se mêlent tradition et expertise technique.

Pierre Bujeau

Le7.info

Précision, passion et transmission. Trois mots qui figurent assurément au refrain de la vie de Claude Girard. Trois mots qui reviennent inlassablement dans la bouche du facteur d’instrument. D’abord, la précision. Il l’a héritée de sa formation d’outilleur de précision dans l’aéronautique. L’octogénaire applique ainsi cette rigueur à la fabrication d’instruments, une minutie qui a forgé la réputation de son entreprise dans les années 80. « Je pars du principe que tout est réalisable en mécanique. Après avoir travaillé pour des entreprises comme Dassault, rien ne me faisait peur », confie le maître artisan installé à Saint-Jean-de-Sauves. « Pour les instruments, chaque micro-détail influe sur leur sonorité. » Ensuite vient la passion. Claude cherche à comprendre les instruments d’hier pour en reproduire le plus fidèlement possible la forme et le son. Une passion devenue obsession. Si bien que le jeune octogénaire s’est forgé une solide réputation en France et… au Vietnam. L’orchestre d’Hanoï et le Conseil régional, jadis présidé par Jean-Pierre Raffarin, l’ont mandaté pour une mission particulière : étudier les plans de l’orchestre local pour reproduire les instruments anciens. Puis vient la transmission. Régulièrement, de jeunes artistes venus des quatre coins de l’Hexagone frappent à sa porte pour solliciter son savoir-faire. Et quand les curieux ne viennent pas à lui, ses instruments se 
« transportent ». Comme « vers le musée de Bruxelles mais aussi celui des cornemuses du monde, à Canton.» 


Des instruments uniques

Quiconque franchit le seuil de l’arrière-pièce de son petit atelier est immédiatement frappé par l’abondance d’instruments entreposés et la noblesse des matériaux employés. Hautbois du Poitou et cornemuses sont ressuscités selon un protocole bien précis. Chaque pièce est minutieusement façonnée en respectant les règles précises d’Harmonie universelle, un traité musical du XVIIe siècle. 
« Chaque instrument est unique, conçu sur mesure. Il est le fruit de recherches historiques approfondies », souligne l’artisan. À quelques kilomètres de là, son fidèle ami Pierre Morin et l’association des Gens de Cherves s’emploient à faire résonner ces harmonies oubliées. Claude veille, attentif à ce que les sonorités d’avant perdurent.

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