
Aujourd'hui
Sans son écharpe tricolore, difficile d’imaginer qu’Anthony Lamy mène une double vie. La première se déroule au CHU de Poitiers, où il exerce comme aide-soignant et formateur en ergomotricité au sein du service de réanimation cardiovasculaire, cinq jours par semaine. La seconde est consacrée aux 600 habitants d’Yversay, avec environ 30 heures par semaine dédiées à sa fonction de maire, bien qu’il le concède : « Être maire, c’est 24h/24 et 7j/7. » Pour autant, pas question que son mandat empiète sur son métier. « Quand je rentre au bloc, je fais abstraction de tout. Mon téléphone est éteint, je me consacre pleinement à ma mission. Mais il y a toujours des inquiétudes, confie-t-il avant d’évoquer sa vie personnelle. Il m’a fallu quelques mois pour trouver un équilibre. Se fixer un cadre est indispensable pour être présent auprès des siens. » Préparer le dîner, aller chercher les enfants à l’école… Autant de rituels qui le raccrochent à sa vie de père, même s’il lui arrive de traiter des mails en soirée après des journées déjà éreintantes. Son activité principale, qu’il exerce également deux week-ends par mois, lui permet d’être à la mairie le mardi et le mercredi. Lorsqu’il est absent, il peut compter sur ses deux adjoints retraités, un luxe que tous ses confrères n’ont pas. « Lorsqu’un accident survient dans la commune, un représentant doit être présent à tout moment. Certains n’ont pas d’adjoints ou exercent un métier qui ne leur permet pas d’être disponibles. »
Médiateur lors de conflits de voisinage, garant de la conformité du droit et même… paysagiste ! « Dans ma commune, il n’y a qu’un agent communal. La semaine dernière, je l’ai aidé à élaguer des arbres. » S’il enfile volontiers ses bottes, Anthony redoute en revanche le poids des dossiers administratifs, qui monopolisent une grande partie de son temps. Dans certaines situations, l’erreur n’est pas permise. « Il n’existe aucune formation pour annoncer le décès d’un enfant à ses parents. Et lorsqu’il s’agit de monter des dossiers réglementaires, nous ne sommes pas notés sur nos performances. Mais si on se trompe, la préfecture peut placer la commune sous tutelle. » Avec une indemnité de 1 200€ par mois, soit environ 7€ de l’heure, Anthony Lamy met en garde ceux qui envisagent de briguer le poste par appât du gain. Malgré les contraintes, il confie n’avoir jamais autant appris sur l’humain que depuis qu’il occupe la fonction. Et pour 2026 ? Le jeune trentenaire compte bien rempiler, avec comme seule boussole le service aux Yversois et Yversoises.
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