Le Département au pied du mur

Le Conseil départemental de la Vienne votera vendredi un budget 2025 tendu comme jamais, malgré la hausse des taxes sur les transactions immobilières. Alain Pichon appelle à « une refondation des Départements ».

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis le 1er avril, les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) bénéficient d’une hausse de 1,7%.... que le Département refuse d’assumer. « Comme soixante-dix autres Départements de France, précise Alain Pichon, président. L’Etat doit prendre à sa charge cette revalorisation via son bras armé, la Caisse d’allocations familiales. Qui décide paie. Trop, c’est trop ! » Sur la corde raide, la collectivité tire la sonnette d’alarme à l’heure où elle s’apprête à voter son budget 2025, « un Everest budgétaire » 
à 547M€, image l’élu. Car malgré les « 9M€ d’économies » 
réalisées, le tableau Excel déborde dans la colonne « sorties ». 
« Les dépenses de solidarité augmentent de plus de 10M€ par an (300M€) et nous n’avons plus de réserves... Nous sommes au bord du précipice, au bout de la route. »

Face à l’urgence de la situation et à un possible effet ciseau (courbes des dépenses et recettes qui se croisent), le gouvernement a cependant autorisé les Départements à augmenter les droits de mutation à titre onéreux -à l’exclusion des primo-accédants- jusqu’à 0,5%, sur trois ans maximum. Ce que la Vienne s’apprête à faire avec un gain estimé entre 1,3 et 1,5M€. « Mais cette somme va être immédiatement absorbée par la hausse du RSA (810 000€) et la Dilico (dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales, ndlr) d’un montant de 370 000€ », 
déplore Claude Eidelstein, vice-président en charge des Finances.

« Refondation 
des Départements »

Baisse des subventions aux associations culturelles et clubs sportifs, annulation des Heures vagabondes cet été, report à 2026 du chantier de rénovation du collège Descartes de Châtellerault... Le Département a pris un certain nombre de mesures coercitives. Sans toutefois rogner sur le volume des investissements (96M€) « parce que c’est bon pour les entreprises du territoire ». Sans toutefois non plus renoncer à augmenter éventuellement sa participation -1,4M€ par an- au capital du Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard, au relais de Grand Poitiers (cf. p.5). « On cherche aussi d’autres partenaires, publics et privés. Pourquoi pas la CCI. »

Au-delà, avec des marges de manœuvre réduites, le Département devrait se tourner davantage vers l’emprunt cette année. Claude Eidelstein se veut toutefois rassurant. « A fin 2024, nous étions autour de 200M€ d’endettement (185M€ à fin 2023). Il est envisagé pour 2025, si l’on réalise la totalité des opérations prévues au budget, une sensible augmentation. Nous sommes encore dans les bons ratios par rapport aux Départements de la même strate. » 2026 ? L’horizon paraît loin et vraiment bouché. Le président du Conseil départemental appelle sans attendre l’Etat à « refonder le modèle des Départements ».

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