Techniciser la nature ?

Olivier Pouvreau vous livre un nouveau billet issu de ses observations d’amoureux de la nature. Sans concession.

Le7.info

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L’idée de techniciser la nature pour 
« l’aider » va toujours bon train chez les primates que nous sommes. Dans le meilleur des cas, elle vise à pallier les préjudices que l’Homme cause à la nature. Elle peut s’apparenter à de modestes fabrications comme celles de nichoirs en réponse à la destruction d’habitats favorables aux oiseaux cavernicoles ; ou plus sophistiquées, par la mise en place de « crapauducs » contre les barrières léthales que sont les axes routiers pour les batraciens. D’aucuns avanceront qu’elles ne sont que des adaptations à un monde qui détruit la nature et qu’en cela, elles cautionnent ce monde. C’est un point de vue radical car nous savons que la nature n’est pas une priorité dans l’opinion et que ces techniques palliatives suivent les mots de Kafka : « Dans ton combat entre toi et le monde, seconde le monde. » Une autre catégorie de technicisation de la nature est héritée des Lumières et vise à « améliorer » à grand frais la nature au service de l’Homme. C’est l’approche agricole moderne qui va du tracteur aux pesticides en passant par les bassines...

Entre-temps est arrivée l’agroécologie, une pensée agronomique qui prône des « solutions fondées sur la nature ». 
Cette approche intelligente nous aurait-elle fait progresser ? Las, des discours d’arrière-garde nous proposent non pas des solutions fondées sur la nature mais des problèmes fondés sur le conformisme agricole. Considérons par exemple Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, révélant à la radio la cause de la baisse de production des cerises non par manque de pollinisateurs mais faute d’usage d’un pesticide. Traiter les cerises tout en tuant les prédateurs de leurs ravageurs ainsi que leurs pollinisateurs demeure un pis-aller hautement problématique. Quant au terme « agroécologie », cité vingt-et-une fois dans le projet de loi d’orientation agricole, il a été biffé par les sénateurs. Alors ? Je regarde le cerisier du jardin. Je pourrais l’asperger de phosmet et de diméthoate mais je préfère semer du sainfoin et du mélilot, c’est beau, ça nourrit les pollinisateurs du cerisier et ça ne me filera pas le cancer !

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