Poitiers, muse du Moyen-Orient

Entre révolution et répression, l’université de Poitiers pilote un projet européen tourné vers le Liban, la Syrie et l’Egypte. L’objectif consiste à faciliter l’insertion professionnelle des étudiants en utilisant un logiciel ingénieux créé par la faculté de Sciences.

Romain Mudrak

Le7.info

Au regard des événements violents qui se sont déroulés récemment, ou qui se déroulent encore, en Égypte, en Syrie et au Liban, cette annonce passera peut-être inaperçue. Pourtant, une véritable révolution culturelle va s’opérer dans l’enseignement supérieur de ces trois pays. Et l’université de Poitiers va directement avoir un rôle à y jouer.

Jusqu’à présent, l’insertion professionnelle n’était pas vraiment la priorité des universités de ces trois pays du MoyenOrient. Des milliers d’étudiants pouvaient s’entasser dans une filière dépourvue de débouchés sur le marché du travail, sans que cela ne mobilise le moindre syndicat ou association de parents d’élèves... Mais les révolutions arabes sont passées par là et la problématique des « chômeurs surdiplômés » a émergé de l’ombre.

Des présidents d’université ont décidé de relever leurs manches pour accompagner les étudiants dans leurs choix d’orientation. Sous l’impulsion de Salwa Nacouzi, exvice-présidente des relations internationales à l’université de Poitiers, désormais responsable de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) au Moyen-Orient, leur regard s’est tourné vers un dispositif poitevin intitulé « Vocasciences ».

L’Europe verse 1,2 m€

La tâche est gigantesque. Onze universités francophones (six libanaises, trois égyptiennes, deux syriennes) participent à ce projet. Hervé Sabourin, actuel élu aux relations internationales, et Sylvie Sap, chef du service universitaire, ont négocié une enveloppe de 1,2 M€ sur trois ans auprès de l’Union européenne, dans le cadre d’un programme «Tempus». «  Dès le mois de décembre, deux cadres administratifs et un informaticien de chaque université viendront à Poitiers pour mieux comprendre le fonctionnement de Vocasciences,  précise l’élu à l’origine du dispositif «Voca». Ces trente-trois personnes visiteront ensuite les universités de Coïmbra (Portugal) et d’Iasi (Roumanie) pour mettre en place un service de stages et structurer leurs formations selon les principes du LMD. » Ces derniers vont ensuite décliner cette solution, chez eux, non seulement pour les filières scientifiques mais aussi pour la gestion.

Le programme est lancé ! Reste quelques incertitudes : la déstabilisation du régime syrien permettra-t-elle de travailler dans la sérénité ? Les Poitevins pourront-ils se rendre sans danger dans ce pays, en mars 2012, comme prévu ? « On y verra plus clair après la première réunion de tous les protagonistes, fin septembre à Beyrouth », note Hervé Sabourin. Dans tous les cas, le programme sera maintenu avec les deux autres pays.

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« Voca » : le métier de ses rêve

Comment définir un métier ? Quelles compétences professionnelles nécessite-t-il ? C’est ce genre de questions que les participants libanais, syriens et égyptiens au projet «Tempus» vont devoir se poser pour décliner le concept «Voca». Au-delà, les techniciens vont également recenser les aptitudes liées aux différents métiers car la grande force de «Voca» consiste à permettre aux jeunes de trouver le métier de leurs rêves grâce à un questionnaire de type « J’aime-J’aime pas». Créé par la faculté de Sciences fondamentales appliquées et l’Onisep Poitou-Charentes, «Voca» compte déjà 450 fiches-métiers qu’il faudra adapter aux spécificités locales et traduire en arabe. Sans oublier la gestion où tout reste à faire. Autant dire que trois ans ne seront pas de trop ! Plus d’infos : www.vocasciences.fr
 
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