Hier
À quelques jours du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, à New-York, le «7» donne la parole à Rasheed Wright, Jean-Marie Compte et Serge Froissart. Ces trois Poitevins d’adoption racontent ce funeste jour, qui a changé le monde.
« Le 11 septembre est inscrit au fond de mes tripes. Depuis, j’ai compris ce que voulait dire vivre l’instant présent. » Une décennie après la chute des deux tours du World Trade Center, Serge Froissart considère qu’il « s’en est fallu d’un rien pour que sa vie ne bascule définitivement ».
10 septembre 2001, 23h45. L’entraîneur de VTT embarque sur un vol Denver-Paris, après une compétition dans le Colorado. « Une heure ou deux » avant l’impensable, son avion -appartenant à la même compagnie que ceux détournés par les terroristes- survole Big Apple. Le destin emprunte parfois des chemins étonnants…
À l’époque, Rasheed Wright évolue à l’université d’Old Dominion. Ce matin-là, avant de se rendre sur le campus, il voit « à la télé le World Trade Center en feu ». « J’ai immédiatement pensé à un accident », complète l’ailier du Poitiers Basket 86.
Une impression de courte durée. Après son cours, à peine rentré dans le vestiaire, le natif de Greensboro (Caroline du Nord) saisit la gravité du moment au côté de ses coéquipiers. « Nous regardions tous la télé et on s’est demandé ce qui se passait. Si c’était la fin du monde, la guerre ? Personnellement, je ne croyais pas ce que je voyais. C’était choquant. »
Jean-Marie Compte, lui, a vécu un 11 septembre dans la peau de monsieur-tout-le-monde, à Poitiers. « Lorsque je suis rentré à la médiathèque, après une réunion à la mairie, le concierge m’a interpellé en me disant qu’il se passait des choses tout à fait graves à New-York », précise l’ancien directeur de la médiathèque François-Mitterrand. Qui rejoint illico son bureau avant de « passer quelques coups de fils » à ses proches. Deux jours plus tard, il doit s’envoler vers Mexico pour représenter le ministère de la Culture.
« Atterrissage assez bizarre »
Ce voyage « prévu de longue date » est maintenu. Conséquence des attentats, le désormais adjoint au maire de Poitiers en charge des relations internationales, se souvient de « contrôles sévères » et d’un « atterrissage assez bizarre ». Le choc et l’effroi du 11 septembre, Jean-Marie Compte l’a ressenti en Egypte « de la même manière qu’en France ». Hasard du calendrier, l’intéressé prend ses fonctions de conseiller du directeur de la bibliothèque d’Alexandrie quelques jours après. Il passera trois ans en Egypte, où les attentats sont évidemment « dans toutes les conversations ».
Dix ans après, que retiennent-ils du 11 septembre 2001 ? Le bourbier afghan ? La « sale » guerre en Irak ?… « Ce qu’il faut déjà dire, c’est que le choc des civilisations n’a pas eu lieu. Je parlerais plutôt de fossé creusé entre les cultures. Une forme de radicalité s’est installée dans les pays arabes », estime l’élu.
De son côté, Serge Froissart juge l’événement à la lumière de son vécu. « Ma vie n’est plus la même… » Quant à Rasheed Wright, sa carrière de basketteur exilé en France -depuis 2003- l’amène à exercer un regard critique sur les gouvernements américains successifs. « Depuis ce jour, le pays a beaucoup changé. Même si je suis Américain, je pense que les Etats-Unis ont eu tort de s’engager en Irak. Il faut dire la vérité. »
photo: Michel Bourdier
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