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Un collectif d’enseignants a lancé une pétition contre l’enseignement d’identité sexuelle en Première. Fondé sur des arguments non-scientifiques, ce concept constituerait une « intrusion dans la vie des adolescents ».
« L’identité sexuelle se réfère au genre selon lequel nous sommes socialement reconnus » ou encore « L’orientation sexuelle doit être clairement distinguée du sexe biologique de la personne ». Ce genre d’affirmations trouvées cette année dans au moins deux manuels scolaires de « Sciences », niveau Première, a fait bondir un collectif d’enseignants cet été. Baptisé « L’Ecole déboussolée », ce groupe d’individus a écrit au Premier ministre et a lancé une pétition sur le web qui aurait désormais dépassé les 36 000 signataires.
Enseignante de SVT et membre de ce collectif, Katia Levy explique la démarche : « La théorie du Genre professe que l’identité sexuelle est une construction culturelle. Intéressante en soi, cette conception américaine est sociologique et n’a rien à faire dans le programme de Sciences. »
Difficile d’écarter l’influence de la religion catholique, hostile à l’homosexualité, dans l’émergence de cette polémique. « Faux », rétorque la jeune femme. Se revendiquant « athée », elle assure que ce collectif n’est pas mu par une quelconque idéologie religieuse : « Je vais simplement avoir du mal à transmettre certaines affirmations qui n’ont rien d’objectif. » Contrairement à d’autres au niveau national, les lycées privés Saint-Jacques-de-Compostelle et Isaac-de-l’Etoile n’ont pas donné de consignes sur le choix des manuels.
Dans les colonnes de Libération, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a souligné en juillet qu’il s’agissait simplement d’« affirmer la distinction entre l’identité sexuelle qui relève de la sphère publique et l’orientation sexuelle qui relève de la sphère privée. Ceci dans le seul but de lutter contre les préjugés. » Sans cacher son approbation, la secrétaire académique du Snes-FSU, Magali Espinasse, rappelle que « la publication des programmes de biologie, en septembre 2010, n’avait pas provoqué de remous ». « C’est la façon dont certains éditeurs ont choisi d’aborder la notion d’identité sexuelle qui a suscité la colère. La vraie question consiste à savoir comment sont réalisés ces manuels. » Après l’avortement, la contraception et la procréation médicalement assistée, c’est donc au tour de l’identité sexuelle d’intégrer le programme scolaire. Un signe des temps ?
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Qui rédige les manuels ?
Un simple coup d’œil suffit pour remarquer que les rédacteurs des nouveaux manuels ont changé. Tavernier et Escalier, références historiques des bouquins de SVT, sont bien loin. Or, saviez-vous que les maisons d’édition n’ont pas de compte à rendre au ministère de l’Education nationale ? Chacun est libre d’aborder le programme à sa façon. Charge aux enseignants de choisir l’ouvrage le plus abouti. En mai, chaque lycée passe commande d’un seul manuel afin que les élèves soient assurés de le trouver en librairie à la rentrée suivante. Ainsi, même si les éditeurs ont souvent recours à des inspecteurs pédagogiques régionaux pour coordonner leurs équipes, « deux élèves ne seront pas forcément confrontés au même contenu alors que l’éducation est censée être nationale », conclut Magali Espinasse.
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