
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
Les salariés des Fonderies du Poitou Alu sont sur le pied de guerre. En quinze jours, ils ont multiplié les opérations coups de poing, organisant des manifestations dans les rues de Châtellerault, le 13 septembre, et au Futuroscope, le lendemain. Le 15, « Les Fondeurs » se sont carrément déplacés à Paris pour crier leur colère devant le siège social du groupe Montupet et du constructeur automobile Renault, principal client (85%) de l'entreprise.
La colère des quatre cent quatre-vingts salariés découle directement du « plan de compétitivité » présenté, pendant l’été, par le groupe Montupet, propriétaire de l'usine d'Ingrandes-sur-Vienne. Ce « plan social déguisé », selon les frondeurs, est censé améliorer la compétitivité d'un « site en difficulté » et ainsi pérenniser son activité.
Au menu de ce régime drastique : une baisse de salaire de 15%, à laquelle s'ajoute un passage aux 35 heures contre 38,5 jusque-là. Les syndicats ont fait leurs comptes. « Au total, cela équivaut à une baisse des salaires de 23%. Les cadres, qui bénéficient d'un accord sur les 35 heures, le voient remis en cause avec la perte de quatorze jours de RTT. Cinquante d'entre eux sont même intégrés à un « plan de mobilité » dans les autres sites du groupe. »
« Pas les nouvelles victimes »
L'intersyndicale (CGT, CFE-CGC, FO et UDT) a d’emblée fait cause commune pour dénoncer « ce qui n'est ni plus ni moins qu'un chantage à grande échelle ». Hélas, les premières négociations avec la direction ont tourné court. Avec, pour conséquence, un début de grève illimitée à partir du 2 septembre. Depuis, près de quatre cents salariés débrayent chaque jour.
Le soutien des politiques de gauche comme de droite n’a, jusque-là, eu aucun effet. Y compris celui du sénateur de la Vienne Jean-Pierre Raffarin, qui a interpellé même le Premier ministre François Fillon sur la situation des Fonderies du Poitou Aluminium. Une lettre dénonçant « la casse des emplois » a même été envoyée au Président de la République.
Les « Fondeurs », eux, sont déterminés à défendre leur « bout de gras ». Résolus à combattre, les salariés se disent prêts à maintenir la pression… sans envisager de solutions extrêmes. Les syndicats veulent « aller aussi loin que les « Fabris » dans la lutte ». « Reste que nous ne voulons pas être les nouvelles victimes du bassin de Châtellerault », appuie l’intersyndicale. En moins de trois ans, trois mille emplois industriels ont disparu dans la Vienne.
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