Hier
“Cachou”, alias Jérôme Lacroix. 41 ans. Formé vendeur, converti acheteur. Homme d’affaires épicurien, autonome et libre.
Depuis une bonne minute, l’anneau de sa main droite martyrise la table de ses aveux. Le sourire est encore rare, la pause crispée, le verbe empesé, renvoyant à la certitude que la confession est son supplice. “Je n’aime pas parler de moi”, avait-il asséné en préambule.
Dans les travées désertées du Bistro Pasta, “Cachou” est pourtant chez lui. Cet établissement, il l’a imaginé et porté sur les fonts baptismaux en 2006. Contre l’avis de beaucoup et l’hérésie supposée qu’un resto de pâtes aurait un jour pignon sur rue à Poitiers. Qu’importe alors le souffle de la défiance. Le gaillard tient bon, allant, comme pour chacune de ses entreprises, au bout de ses idées. Le pari, comme tant d’autres, s’avère vite gagnant. Mais il ne lui tourne pas la tête. “Se dire que l’on a réussi est le meilleur moyen de ne plus avancer”, lâche-t-il d’une voix enfin plus assurée. Le paravent de l’humilité s’est peu à peu fissuré. La main martèle moins son impatience. “Cachou” est enfin aussi libre dans la discussion que dans sa lutte quotidienne contre l’immobilisme. “Je te dis tout, tu en feras ce que tu veux”, suggère-til à l’inquisition.
Sa vie défile maintenant sous le feu du monologue. Il raconte. Son bac G3 obtenu à Aliénor d’Aquitaine. Son année tronquée à l’école supérieure de vente de Tours. Et ses nuits endiablées à la Grand’Goule. “Le monde de la nuit me plaisait tellement qu’à la fin des années 80, j’ai commencé à organiser mes propres soirées étudiantes.” L’esprit d’entreprendre ne va plus le quitter. Au crépuscule de 1990, alors qu’il n’a que 22 ans, il est embauché comme commercial par l’orléanais TSTA, n° 1 français de la distribution
microinformatique. Il y fait ses gammes pendant trois ans, puis intègre, toujours dans le Loiret, un cabinet de conseil en systèmes d’information. “Le problème, c’est que là-bas, je m’emmerdais.”
Deux solutions s’offrent à lui pour égayer ses week-ends : rallier la capitale ou revenir à la source de ses amours poitevines. “J’ai préféré ma ville”. Le choix de la raison. Celui de l’émancipation. En 1997, la Goule où il avait “l’habitude de traîner ses guêtres” lui ouvre son coeur. “J’avais déjà investi, sur Orléans, dans Pentalog, une boîte de développement d’applications spécifiques en informatique, dont je suis d’ailleurs toujours actionnaire. La Goule, c’était autre chose. Un point d’équilibre entre mes deux lieux de vie.” Treize ans plus tard, “Cachou” est toujours aux commandes. Comme il l’est de toutes les sociétés auxquelles il a donné naissance. Sur Orléans et dans
la Vienne. “La Goule”, c’est lui. Le “Bistro Pasta”, c‘est encore lui. “Le Latinos”, ex- “Gentleman” et “Bimbo” à Availles-Limouzine, c’est toujours lui. “L’Indian’s”, devenu le “K” en 2004, c’est re-lui. Comme “Le Tisonnier”, racheté en 2009 et transformé en décembre en “Tomate Blanche”. Au total, le bonhomme est présent dans une dizaine d’affaires. Au fronton de chacune d’entre elles, une double exigence : le maintien de son indépendance et la nécessité de partager les responsabilités avec un associé. “Partout, j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur des gens de très grande qualité, souvent jeunes, mais qui mènent leur barque comme de vieux chefs d’entreprise.
Ils m’écoutent, je les écoute, nous nous faisons mutuellement confiance.” Ils sont son complément, sa bouffée d’oxygène, l’épaule complice sans laquelle ses envies d’ailleurs, de totale liberté d’action et de vie ne pourraient être satisfaites. “Cette liberté, explique “Cachou”, c’est mon moteur. Le jour où je la perdrai et le jour où mon cerveau ne bouillonnera plus d’idées, j’arrêterai de porter des projets. Car c’est ce qui a construit mon existence.” Avant le baisser de rideau, Jérome Lacroix, dit “Cachou” pour “ces mines que je mettais, jeune, au babyfoot”, se hasarde à citer le chanteur Georges Benson.
“Sa philosophie, c’est de travailler en s‘amusant et de s’amuser en travaillant. J’ose la faire mienne.” Sa main droite en a terminé de ses trépignements. Le corps tout entier s’est déchargé du poids de l’introspection. Pour un peu, le père “Cachou” se livrerait bien une heure de plus. Ses mille et une vies mériteraient davantage encore.
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jeudi 21 novembre