Le sommet mondial sur l’avenir du climat se déroule jusqu’à vendredi à Bakou, en Azerbaïdjan. La photographe poitevine Annabelle Avril n’y participe pas pour des raisons de sécurité, mais elle a documenté la COP28 à Dubaï et les précédentes.
Que faut-il attendre de la 29e Conférence des parties (COP) qui a démarré le
11 novembre et se refermera
vendredi à Bakou, en Azerbaïdjan ? Face à cette question à 1M$, Annabelle Avril reste prudente :
« On va voir s’il en sort quelque chose de positif, à titre personnel je suis une éternelle optimiste... » Installée à Jazeneuil, la photographe indépendante a déjà couvert « neuf ou dix COP »
pour le compte d’ONG, dont la 28e à Dubaï en fin d’année 2023.
« Mais vu les tensions entre la France et l’Azerbaïdjan, il était préférable que je n’aille pas à Bakou, il y avait un risque que je ne puisse pas repartir dans des délais acceptables. » Le grand sommet mondial annuel pour le climat, la photographe le documente de l’intérieur.
Rapport de force
« La première fois, je travaillais pour la Banque africaine de développement, j’avais suivi son président et les négociations. » Depuis, Annabelle Avril collabore avec l’ONG WECF, comme Women engage for a common future, et l’une de ses composantes, la Women and Gender Constituency. Autant de « représentants de la société civile, d’observateurs qui font attention à ce que dans les textes négociés la notion de genre soit bien prise en compte ». Un prix Genre et climat est d’ailleurs décerné depuis dix ans, des projets « concrets » aboutissent dans l’hémisphère Sud... Bref, « la société civile continue de faire entendre sa voix, même si le rapport de force peut paraître déséquilibré ». La Poitevine, qui a vécu de nombreuses années en Amérique latine, ne photographie en revanche plus de Marches pour le climat sur site pour la simple et bonne raison qu’elles sont interdites
« depuis la COP 27 en Egypte ». En incluant l’Azerbaïdjan, c’est la troisième année consécutive que ce sommet mondial est organisé dans un Etat autoritaire, le deuxième au sein d’un pays dont la richesse provient des hydrocarbures.
« La place des lobbyistes pétroliers et nucléaires va crescendo depuis quatre à cinq ans, remarque Annabelle Avril. On voit des pays former des jeunes femmes pour qu’elles adaptent le discours de la société civile tout en faisant du lobbying... »
Pas de « shoot
émotionnel »
Si en 2023, la COP a été percutée par les attentats du 7 octobre en Israël et la guerre à Gaza, l’édition 2024 intervient quelques jours après l’élection de Donald Trump -climatosceptique revendiqué- à la tête des Etats-Unis. La professionnelle ne bénéficiera pas cette année de son « shoot émotionnel » lié au fait de côtoyer des femmes qui défendent l’environnement et l’égalité femmes-hommes. Qu’à cela ne tienne, elle aura sans doute l’occasion de réaliser de nouveaux reportages sur le terrain. Là où le dérèglement climatique est hélas une réalité tangible.
DR Annabelle Avril