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Face à l’obsolescence programmée, le bonus réparation incite de plus en plus de consommateurs à prolonger la durée de vie de leurs objets du quotidien. Entre réelle économie et « enfer » administratif, la mesure est-elle efficace ?
Chaque année, la France produit 310 millions de tonnes de déchets. Prolonger de trois ans la durée de vie de nos appareils permettrait de réduire grandement notre empreinte carbone(*) et d’économiser environ 2 000€ par foyer. Ici et là, actions et initiatives se multiplient pour endiguer cette pollution. C’est le cas d’Espri’Kolibri, qui va intervenir à Châtellerault lors de la Semaine européenne de la réduction des déchets (cf. encadré). « La hausse du coût de la vie associée à la prise de conscience écologique amène les particuliers à revoir leur relation à la consommation. Il est impératif que les pouvoirs publics motivent cet élan », explique Fabien Nibaudeau, l’un des bénévoles de l’association. Ce qu'ils font par l'incitation. Déployé depuis décembre 2022, le bonus réparation incite financièrement les particuliers à se tourner vers la réparation. Concrètement, il s’agit d’un montant déduit directement de la facture d’un produit réparé : aspirateur, ordinateur portable, trottinette électrique... Pour en bénéficier, l’utilisateur doit solliciter un artisan labellisé par l’Etat. « Pour être agréé, nous avons passé un audit qui coûte 1 200€ », explique Vincent Braconnier, gérant du magasin Pro&Cie à Loudun. Le jeu en vaut la chandelle. Chaque mois, une vingtaine de réparations proviennent de la labellisation « Quali répar ». « Dans certains cas, les réparations peuvent être plus chères qu’un produit neuf. Avec ce label, mes clients peuvent bénéficier d’un coup de pouce financier. Sans cette aide à la réparation, certains appareils finiraient directement à la poubelle », insiste le dirigeant.
Une corvée administrative ?
La cyclerie Biclou va également franchir le pas. Étendue aux cycles depuis deux mois, l’aide est une « réelle opportunité » pour l’atelier de réparation, malgré la charge administrative. « Chaque demande de bonus fait l’objet d’un dossier. C’est assez chronophage de le remplir pour notre structure, mais pour nos clients c’est très facile », admet Mélanie Kays, fondatrice de Biclou. En quelques clics, le client peut voir sa facture réduite de 15€ à partir de 65€ et 30€ au-dessus de 120€. « Depuis que nous sommes agréés, nous enregistrons cinq à six dossiers par jour. » La réparation a de beaux jours devant elle.
(*)4 millions de tonnes de CO2 selon l’Ademe.
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