Voiture-vélo, le partage sinon rien

Le 15 octobre dernier, un cycliste de 27 ans est mort écrasé par le conducteur d’un SUV à Paris. Un électrochoc ? Les partisans du vélo appellent en tout cas à un meilleur partage de l’espace public. Un vrai enjeu de société qui n’occulte pas la question des aménagements.

Arnault Varanne

Le7.info

Il s’appelait Paul Varry, avait 
27 ans et a perdu la vie à la mi-octobre dans la capitale, sous les roues d’un SUV dont le propriétaire a été mis en examen pour meurtre et écroué. Son décès a provoqué une immense vague d’émotion avec près de deux cents rassemblements en hommage à ce « martyr de la route ». Vélotaf Grand Poitiers s’est évidemment associé au mouvement. « Une majorité d’automobilistes fait attention mais une minorité nous met en danger », témoigne Salem M'rabet, président de l’association. Comme d’autres, ce cycliste du quotidien pédale « avec ses jambes, ses yeux et ses oreilles » de manière à 
« anticiper le comportement des autres » dans ce qu’il appelle 
« un compromis silencieux ». 
Ce qui ne l’a pas empêché de finir au sol à quelques reprises, notamment en 2022 « avenue de la Libération où un conducteur m’a grillé la priorité. Mais ce n’était pas intentionnel et la personne a attendu les secours à mes côtés ».


Le Pont-Neuf, 
comme un symbole

Le nombre de cyclistes décédés en 2023 dans l’Hexagone a atteint 226 victimes. « C’est 6% des morts alors que les cyclistes ne représentent que 4% des usagers en France », souligne Salem M'rabet pour qui « le savoir-rouler à vélo est aussi important que le savoir-nager ». Tout en ajoutant : 
« Pendant cinquante ans, on a pensé l’urbanisme pour la voiture. Il faut changer les mentalités, malgré les réticences. » A Vélocité 86, on est sur la même longueur d’onde. L’association a proposé mercredi dernier, entre 17h et 19h, un temps d’échange autour des nouveaux aménagements du Faubourg-du-Pont-Neuf. Le symbole le plus éclatant de la conciliation des modes de déplacement. L’occasion de 
« rappeler les règles de prudence, la nécessité d’être bien visible et de recueillir l’avis des usagers », selon Jean-Pierre Guilloteau, l’un des membres de l’association. Pour ce cycliste régulier, vigilance et pédagogie vont de pair. « De toute façon, le développement du deux-roues est incontournable, alors autant trouver des compromis. Il faut arriver à un climat apaisé. A Poitiers, en dehors de quelques irascibles, ça se passe bien. »

« Il faut de l’empathie »

Et à la campagne, alors ? Jean-Luc Guichard habite Colombiers et avoue que « les cyclistes sont très exposés. S’il y a un accident, les dégâts sont vite importants, assure le co-président d'A Vélo Châtellerault et du Collectif Vienne des usagers du vélo. Les aménagements sont indispensables, bien sûr, mais il y a surtout un gros travail à faire sur les comportements. Il faut de l’empathie, se mettre à la place de l’autre. » 
Jean-Luc Guichard appelle au-delà les pouvoirs publics à « revoir le Code de la route qui est dépassé. En Angleterre, il existe une hiérarchie des usagers. La police reçoit des vidéos de cyclistes mis en danger par des automobilistes, qui vont ensuite faire des stages... » 
Le ministère des Transports a annoncé le lancement d’une mission baptisée « Contre les violences, protéger tous les usagers de la route ».

Véronique Ras : « Rappeler les règles »
Pour la présidente de l’Automobile club de l’ouest (ACO) dans la Vienne, « un rappel des règles du code de la route s’impose à tous les usagers ». « Les cyclistes qui franchissent un feu rouge, par exemple (avec le panneau M12, ndlr), cela n’a rien d’évident pour beaucoup d’automobilistes », commente Véronique Ras. A l’inverse, elle déplore qu’on « puisse prendre un vélo électrique aujourd’hui sans aucune formation ».


 

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