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La Quinzaine de la mode responsable en Nouvelle-Aquitaine s’est ouverte le 7 octobre à Poitiers par une intervention d’Hugo Clément. Le journaliste revient sur les dérives d’une industrie mortifère. Entretien.
Quels sont, selon vous, les dangers de l’industrie de la mode ?
« Le secteur de la mode est le cinquième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde. Rien que sur la plateforme Shein, il y a 400 000 vêtements disponibles simultanément. Vous imaginez bien qu’il faut acheminer ses marchandises, mais aussi les fabriquer. De plus, cette industrie génère beaucoup de déchets. On n'utilise que 68% de notre garde-robe. Un vieux vêtement qui traîne au fond de notre placard devient très vite un déchet. Cela s’explique notamment par la multiplication du nombre de collections créées tout au long de l’année. La jeune génération consomme en moyenne 40% de vêtements de plus que celle de ses parents ! »
Cela signifie que les jeunes polluent plus que leurs aînés. C’est paradoxal, non ?
« Dans le domaine de la mode, cela se vérifie. Il ne faut pas tomber dans la caricature, tous les jeunes ne s'intéressent pas aux problématiques environnementales. Quand je rencontre des associations, la majorité des membres sont d’un certain âge. Nous devons construire des ponts entre les générations, leurs expériences est un allié de taille. »
Quelles pratiques peut-on mettre en place pour endiguer la fast fashion(*) ?
« Consommer moins et plus basique. Ça peut paraître un peu restrictif comme discours mais on doit repenser notre rapport à l’achat. Les géants de la mode utilisent des techniques marketing de plus en plus sophistiquées pour nous pousser à acheter. Les législateurs ont le pouvoir d’enrayer cette industrie, c’est à eux que revient cette responsabilité. Ce n’est pas normal de pouvoir acheter en deux clics des t-shirts à 4€ fabriqués au Bangladesh dans des conditions inhumaines. De plus, cela pénalise nos entreprises puisqu’elles n’ont pas les mêmes réglementations sur le droit du travail, sur l’eau... La distorsion de concurrence est hallucinante. »
Que dites-vous aux personnes qui n’ont pas les moyens de s’acheter des vêtements issus de filières responsables ou made in France ?
« Il faut avoir conscience de qui est au bout de la chaîne lorsqu’on consomme chez Zara ou H&M. En plus de contribuer à des désastres écologiques, déforestation, pollution des eaux, ces vêtements sont le fruit d’une main-d’œuvre sous-payée. Certes, cela demande de faire un effort, mais j’insiste, on doit consommer moins et mieux. La seconde main est une solution de bon sens, à condition que les vêtements soient de bonne qualité et portables. On ne réalise pas une bonne action en envoyant des vêtements détendus ou tachés à des associations qui les renvoient vers des pays pauvres. Les personnes, même dans le besoin, n’ont pas envie de porter des fringues de mauvaise qualité. »
(*)Mode éphémère.
DR Yann Gachet - Ville de PoitiersÀ lire aussi ...
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