La Poste, une difficile transition

Le bureau de poste de l’avenue de la Libération, à Poitiers, devrait se transformer en relais commerçant d’ici la fin de l’année 2024. Un changement qui ne passe pas auprès des habitants. Au-delà de ce cas particulier, La Poste justifie sa réorganisation par une baisse de fréquentation continue.

Pierre Bujeau

Le7.info

« C’est l’incompréhension totale. » Après une vingtaine de fermetures de bureaux de poste dans la Vienne depuis 2017, c’est au tour de celui de l’avenue de la Libération, à Poitiers, d’être sur la sellette. La nouvelle, tombée le 17 mai, a déjà fait l’objet de deux mobilisations en juin et septembre. Serait-ce la fermeture de trop ?
 Sylvie Bachelier, présidente du comité de quartier de Poitiers-Sud, le syndicat Sud-PTT 86 et les habitants craignent d’éventuelles répercussions. 
« Nous avons appris dans le journal que le bureau fermait, sans aucune communication auprès des 8 000 habitants du quartier. C’est une atteinte aux personnes âgées qui ne peuvent pas se rendre en centre-ville », alerte la présidente du comité de quartier. « Il est déjà compliqué de se rendre à la poste en dehors des horaires de travail, alors si on en réduit le nombre, on ne peut plus s’en sortir », ajoute Dominique, originaire de Valdivienne. 


Un paysage qui évolue

La Vienne compte aujourd’hui 185 points de contact comprenant « 51 bureaux, 40 relais commerçants, 94 agences postales communales et intercommunales et 1 point de service ruralité », indique Pascale Guittet, élue au Département et présidente de la Commission départementale de présence postale territoriale (CDPPT). Des chiffres différents de ceux communiqués par la direction de la Poste qui évoque « 46 bureaux, 58 relais commerçants, 97 agences 
postales communales et intercommunales et 1 point de service ruralité ». Une différence qui ne fait qu’accroître la confusion. Une certitude tout de même, cet état des lieux évolue au rythme du changement d’habitudes des usagers. « En 2016, La Poste accueillait 403 millions de visites. En 2022, le réseau en comptait environ 195 millions, soit une baisse de près de 52% », 
indique la direction de l’entreprise, qui doit donc adapter l’offre. Des données à mettre en corrélation avec la baisse de l'activité courrier : 18 milliards de lettres en 2018 contre 6 milliards l'an dernier.
 « Certains salariés sont présents pour deux-trois clients par jour », 
note Pascale Guittet. Les usagers du bureau de l’avenue de la Libération ne partagent pas ce constat. « Il est utilisé par de nombreux habitants du quartier et des communes voisines. On attend jusqu’à 15 minutes 
dans la file d’attente. »


Des alternatives

« Qui dit fermeture ne veut pas dire vide. » La présidente de la CDPPT insiste, « un bureau qui ferme est généralement remplacé par une alternative. » L’objectif ? Trouver un point postal à 
« moins de 5km ou 20 minutes en voiture ». Une possibilité offerte à 97,5% des habitants du département. Parmi ces alternatives, la présence de relais Poste commerçants, de services d’agences postales communales au sein des mairies des communes rurales, ainsi qu’un nouveau point de services à Bignoux, unique dans la Vienne et en phase d’expérimentation. Les bureaux délivrant les allocations, eux, sont immuables. « Les fermetures n’entraînent pas non plus de perte d’emplois, selon Pascale Guittet puisque les salariés sont répartis dans les autres bureaux. » Un changement qui 
« élargit considérablement le périmètre des facteurs », s’insurge le syndicat Sud-PTT 86. Si la fermeture du bureau de l’avenue de la Libération est encore incertaine, la transformation de la plateforme industrielle courrier de Migné-Auxances en plateforme de préparation et de distribution courrier colis multiflux (PPDC MF), zone de la République, à Poitiers, est, elle, confirmée. Objectif : répondre à la baisse du nombre de courriers et à la hausse de celle des colis.

DR Remi Nunes

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