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Parmi les six espèces de serpents recensées dans la Vienne, cinq affichent un taux de présence en baisse. Une mauvaise nouvelle pour la biodiversité, à laquelle l’être humain n’est pas étranger.
De la Genèse jusqu’au Livre de la jungle, les serpents ont rarement -voire jamais- le beau rôle dans l’imaginaire collectif. Les derniers chiffres du réseau « Reptiles et amphibiens de Nouvelle-Aquitaine » (Rana) coordonné par Cistude Nature devraient donc peu émouvoir les herpétophobes, nombreux, qui frémissent à la vue du moindre reptile. A tort car les serpents ont leur place dans la chaîne alimentaire. Proies des rapaces, hérons, blaireaux et autre putois, eux-mêmes sont friands de micromammifères, de poissons, d’amphibiens et de reptiles, bien plus appétissants à leurs yeux… qu’un être humain. « S’il sait qu’il peut s’enfuir, un serpent n’attaquera pas, assure Lucie Texier, chargée d’étude faune à Vienne Nature. Ce qu’il veut, c’est de la nourriture et de la chaleur. » L’association participe depuis 2020 au réseau Cistude Nature, dont le dernier rapport alerte sur l’effondrement des populations de certaines espèces de serpents, pourtant tous protégés au niveau national. Si la couleuvre verte et jaune semble se maintenir, ses congénères Esculape, helvétique et vipérine ont vu leur taux de présence réduit de moitié en quatre ans. « Même sur les routes, on observe davantage de cadavres de serpents. »
Plaques à reptiles
La Vienne abrite six des neuf espèces recensées sur quatre-vingt-sept sites de Nouvelle-Aquitaine : cinq couleuvres (la coronelle lisse s’ajoutant à celles pré-citées) et la vipère. Dans le département, Vienne Nature a identifié six sites, du côté de Fontaine-le-Comte, Château-Larcher, Mauprévoir et dans le Montmorillonnais, où elle a posé des « plaques à reptiles ». « Ce sont des plaques ondulées bitumées d’environ 60x40cm installées en lisière de haie, tous les 50cm environ, et qui emmagasinent la chaleur. Comme les serpents sont des animaux à sang froid, ils se mettent dessus ou dessous. » Ne reste plus qu’à observer et/ou soulever les plaques. A raison de six passages par an, tous les quinze jours à partir du printemps, Vienne Nature évalue la présence des reptiles, serpents mais aussi lézards. Et comme ailleurs dans la région, les chiffres sont en baisse, la faute aux remembrements successifs qui ont eu raison des haies et des vieux murets de pierre, aux coups de pelle aussi... malgré une peine encourue de deux ans de prison et 50 000€ d’amende pour l’auteur. « Pourquoi tuer quelque chose qui nous fait peur ?, interroge Lucie Texier. Mieux vaut apprendre à la connaître. » Par exemple en visionnant Des serpents dans nos têtes, un film de 39 minutes produit par Cistude Nature et Mauvaises graines, en accès libre pendant tout le mois d’octobre sur cistude.org.
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