A la lutte pour le maintien de son équipe fanion en National 3, le Stade poitevin Football Club traverse une zone de turbulences en coulisses. Ces derniers jours, la direction n’a cessé de rassurer sur l’état des finances, mais la gestion récente du club interpelle.
C’est une exposition dont le club se serait bien passé. Le 12 avril, sur Twitter, le journaliste indépendant Romain Molina pointe du doigt des « retards de salaire » -avérés sur le mois- au Stade poitevin FC. « Vu » près de 600 000 fois sur le réseau social, le message ne manque pas de relancer les rumeurs d’un club exsangue… Semant un peu plus le doute sur l’état réel de ses finances.
La dernière réunion du conseil d’administration (CA), le 20 avril, a été l’occasion pour le président du SPFC Jean-Pierre Giret et l’agent-mécène Philippe Nabé de répondre aux inquiétudes. « Ils nous ont dit que des partenaires privés avaient tardé à régler leur part (35 000€ sur un total de 330 000€) et que Philippe avait dû faire un premier virement (de 50 000€) pour payer tout le monde, raconte un administrateur présent. C’était la première fois, il le refera jusqu’à la fin de saison (pour un total de 180 000€). Il ne laissera pas le club en déficit. » Mais quid du « trou » de 300 000€ au 30 juin 2022, qui a crispé certains membres du bureau à l’automne ? « Nous avons pris la décision d’éroder les fonds propres pour palier au fait que l’objectif des partenariats ne soit pas réalisé. L’ambition est de les reconstituer sur les trois prochaines saisons, assure Philippe Nabé. Les comptes du club n’ont jamais été en négatif. »
Le rôle que joue le conseiller parisien au Stade poitevin divise. Simple administrateur du club, Philippe Nabé a depuis quatre saisons « la main » sur les finances. « Sa gestion est opaque », pointe un membre du bureau. « Il n’y a rien à cacher. Aucun des membres du CA ne nous avait demandé quoi que ce soit jusqu’ici », rétorque l’intéressé. Reste qu’au moment où l’équipe fanion joue son maintien en N3, la stratégie du mécène interpelle. A commencer par ces salaires de joueurs à plus de 3 000€ mensuels. « Du délire à ce niveau ! »,
estime encore ce proche du club. Philippe Nabé assume une « gestion à flux tendu », autrement dit de dépenser sans attendre les recettes, quitte à risquer un déficit en fin de saison. « Quand vous avez de l’ambition, vous êtes obligés de monter dans les tours, défend-il, citant les exemples de Libourne, Tours, Cannes… Si le sportif donnait satisfaction, on n’en parlerait pas. »
« Poitiers n’est plus la poule aux œufs d’or ! »
L’homme reste convaincu que « Poitiers doit avoir une équipe en National ou en Ligue 2 ». Ce qui demeure sa « vision à long terme ». Selon nos informations, il a présenté ses idées d’un nouveau stade d’environ 20 000 places, près du Futuroscope, à l’ancien directeur général de ZTE. Un an après cette entrevue, Philippe Nabé s’est fait une raison :
« Les ressources du club et du territoire ne nous permettront pas de repartir avec le même budget (près de 900 000€) la saison prochaine. » Il se dit que des partenaires privés pourraient se désengager après le récent départ du responsable du développement commercial. « Poitiers, ce n’est plus la poule aux œufs d’or !, confirme un administrateur. Cet épisode peut être un mal pour un bien, le CA est désormais plus sensibilisé à la gestion des finances. »
Philippe Nabé coupe court aux rumeurs le visant : il n’est pas parti pour s’éclipser en fin de saison. Au contraire, le mécène réaffirme sa volonté de ne pas rester le seul investisseur dans son projet poitevin. Des personnalités ont été sondées. « Nous cherchons toujours un chef d’entreprise local -avec des moyens- pour prendre la présidence. » La Ville de Poitiers, qui doit verser au club sa subvention d’ici la fin du mois (80 000€), dit rester
« vigilante » quant à sa situation… et à d’éventuelles révélations. Romain Molina devrait diffuser une vidéo sur le SPFC dans les jours à venir.
DR - Alexis Patient/SPFC