A 42 ans, Manu Debiais vient de franchir le pas de la vasectomie, une opération chirurgicale qui entraîne de facto la stérilité. Sa façon à lui de participer à l’égalité homme-femme.
Il est rentré à la Polyclinique de Poitiers le jeudi 30 mars au matin et a quitté les lieux en fin d’après-midi. « Soulagé »
de son propre aveu. Après de longs mois de réflexion, Manu Debiais a franchi le pas de la vasectomie(*). L’opération s’est « bien déroulée » et ne lui a occasionné qu’une gêne passagère. Le père de trois garçons (10, 7 et 1 an) et sa compagne Julie (déjà maman d’une fillette de 8 ans), avec laquelle il a eu Sorren, n’auront plus à se soucier de contraception à l’avenir. « Quand on sait ce que les femmes peuvent ingérer comme substance chimique... Un jour, sur le ton de l’humour, j’ai dit à mon épouse : je vais faire une vasectomie ! » La discussion a cheminé dans le couple et l’enseignant spécialisé est passé aux travaux pratiques, après s’être documenté sur Internet... et avoir constaté que la stérilisation masculine ne rencontrait pas un grand succès. Et encore le nombre d’opérations est-il passé de
1 908 en 2010 à 23 306 en 2021 (0,8% des hommes français contre 22% de leurs homologues canadiens).
« Le poids culturel
des injonctions »
« On trouve effectivement beaucoup d’infos sur des sites canadiens, embraie cet habitant de La Chapelle-Moulière. S’il tient à témoigner à visage découvert, c’est pour inciter d’autres hommes à lui emboîter le pas. Quelques-uns de ses amis sont tout près de se laisser convaincre, mais certains membres de sa famille ont eu du mal à comprendre sa démarche. « Il y a encore du boulot. On sent le poids culturel des injonctions. Ce ne serait pas aux hommes de « faire ça », comme si notre masculinité, notre virilité en prenaient un coup ! Si l’on ajoute les idées reçues sur les effets secondaires, ça fait beaucoup de freins à lever. » Même Julie s’est « sentie coupable au début ». Son compagnon l’a très vite rassurée et évoque carrément « un geste d’amour »,
une sorte d’« équilibre dans le couple ».
Un délai de rétraction
Comme n’importe quelle intervention, une vasectomie s’anticipe. Ainsi un rendez-vous préalable avec les professionnels de santé est nécessaire pour valider la demande du patient, qu’il soit déjà père de famille... ou pas !
La nuance est de taille car l’intervention a un caractère irréversible. « On a ensuite un délai de quatre mois pour valider ou non sa demande »,
ajoute Manu. La notion de consentement s’avère donc indispensable, même si
« les compagnes de mes amis adhèrent à 100% », plaisante-t-il. A la Polyclinique de Poitiers, on confirme l’engouement pour la vasectomie. Ici aussi, le nombre d’opérations croît d’année en année.
(*)L’opération consiste à couper ou obturer les canaux déférents qui partent de l’épididyme et vont jusqu’à la prostate. Le chirurgien y accède par une petite incision de la peau des bourses, explique l’Assurance maladie.