Aujourd'hui
A partir du 3 avril, les rémunérations des médecins intérimaires seront plafonnées dans les hôpitaux publics pour éviter les abus. Mais cet article de la loi Rist pourrait impacter l’activité des services.
Halte à « l’intérim cannibale » ! Cette expression, le ministre de la Santé l’a utilisée sur France Info le 14 février dernier. François Braun a finalement décidé de publier un décret suspendu de la loi Rist adoptée en 2021. A partir du 3 avril prochain, la rémunération des médecins intérimaires sera plafonnée dans les hôpitaux publics. Par exemple, une journée de travail de 24 heures (garde incluse) sera payée 1 170€ brut, quelle que soit la spécialité, alors que les montants négociés en direct pouvaient jusque-là atteindre le double.
Sur le papier, cette décision semble sage pour les finances publiques. Reste désormais à savoir quel impact elle aura sur l’activité des services. Dans la Vienne, les hôpitaux de Châtellerault, Loudun et Montmorillon sont les plus demandeurs et, d’une manière générale, on retrouve plus d’intérimaires parmi les anesthésistes, urgentistes, en pédiatrie ou en réanimation. « Si les médecins concernés acceptent, c’est bon, sinon on pourrait avoir des soucis », résume Sandrine Bouichou, représentante locale de la Coordination nationale interprofessionnelle de santé. Qui s’inquiète déjà pour la période des congés estivaux.
D’après nos éléments, l’activité de la maternité de Châtellerault, un temps pointée du doigt, n’est pas menacée dans les prochaines semaines. Tous les établissements se préparent dans la Vienne. Pour sa part, l’Agence régionale de santé prévoit un maintien de l’offre de soins. « On arrive à remplir les plannings car les intérimaires ont bien compris que le ministre n’abandonnera pas cette loi », estime Benoît Elboode, directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine (entretien complet à lire ici). « L’intérim, c’était un puits sans fond jusque-là, on met un pansement sur la plaie sans soigner la cause de l’hémorragie », selon Matthieu Violeau, urgentiste à Niort qui analyse la situation du haut de ses fonctions au sein du collège Poitou-Charentes de médecine d’urgence.
En 2017, la facture de l’intérim au CHU de Poitiers s’élevait déjà à 450 000€ (Le 7 n°389). La pénurie de soignants a eu tendance à faire grimper la note… L’établissement s’est doté depuis quelques années d’une équipe territoriale d’urgentistes qui intervient selon les besoins dans les hôpitaux de la Vienne. Une façon de mutualiser les compétences.
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