Le Regard de la semaine est signé Maximilien Petitgenet.
En démocratie, la liberté d’expression est un pilier essentiel permettant à chaque citoyen d’exprimer ses opinions, ses idées et ses croyances. Cependant, cette liberté quasi-totale ouvre la porte aux fake news, aux théories complotistes et autres désinformations qui nuisent gravement au système démocratique. Il me semble donc nécessaire de trouver un juste équilibre entre la préservation de cette liberté fondamentale et la protection de notre démocratie.
Le paradoxe de la tolérance (Karl Popper) souligne l’importance de limiter les droits des intolérants qui utilisent leur liberté d’expression pour détruire le système démocratique. Les exemples ne manquent pas, comme la récente apparition d’un drogué complotiste dans l’émission très suivie TPMP, à qui on a laissé raconter des salades monumentales à une heure de grande écoute, ou encore la présence de climatosceptiques dans les colonnes du Figaro, qui nient les travaux du Giec, c’est-à-dire des faits, en les confondant avec des opinions. Ces situations contribuent à propager de la désinformation, créant un climat de confusion et de méfiance généralisé. C’est aussi le début d’un cercle vicieux puisque, dès lors, des hordes de désinformés se revendiquent comme mieux informés que les autres, qui seraient des moutons. Ils deviennent insensibles à toute tentative sensée, rationnelle de démontrer à peu près n’importe quoi, tant que ça ne provient pas d’une source « non grand public », qu’il faut débusquer dans les bas-fonds d’Internet ou qu’on se passe par messagerie privée « pour ne pas que ce soit censuré ». Que penser des votes qui sont ceux de ces gens nourris aux fake news ? Tout montre qu’ils votent aux deux extrêmes…
C’est justement parce qu’il n’y a, pour ainsi dire, pas de censure dans nos démocraties que ces absurdités sont possibles. Il me paraît donc légitime de s’interroger sur la pertinence de réguler la liberté d’expression pour protéger notre démocratie. Si le terme « censure » évoque des moments sombres de l’Histoire, il est possible de promouvoir une modération responsable et transparente, en évitant les dérives autoritaires. Une régulation intelligente pourrait se baser sur des principes clairs et universels, respectant le pluralisme des opinions tout en s’opposant à la diffusion de fausses informations et de discours de haine. D’aucuns objecteront que des mécanismes comme l’Arcep existent déjà. Force est d’en constater l’échec : nous en avons quotidiennement, sur tous les réseaux possibles, de nombreux exemples.
CV express
De double formation (ingénieur Ensma + IAE Poitiers en management), passionné d’environnement, entrepreneur... Je suis surtout papa de trois petites filles. Pour répondre à la question qu’elles me poseront un jour -« Et toi papa, qu’est-ce que tu as fait pour préserver la planète ? »-, j’ai fondé Purple Pepper et je veux ainsi passer le reste de ma vie à lutter contre le changement climatique.
J'aime : transmettre, la philosophie (notamment le stoïcisme), la science, l’entrepreneuriat et le management, les optimistes, ceux qui passent à l’action et Chopin.
J’aime pas : ceux qui râlent et se plaignent, l’inaction climatique, les embouteillages, les consensus qui ne font rien avancer et les choux de Bruxelles.