Logement - Quand le racisme frappe à la porte

A Poitiers, Buxerolles et Saint-Benoît, SOS Racisme a mené une campagne de « testing » 
dans le parc privé de logements. Résultat, les discriminations envers les personnes immigrées ou perçues comme telles existent aussi ici.

Romain Mudrak

Le7.info

Certains propriétaires poitevins de logements ont tendance à choisir leurs locataires en fonction de critères condamnables par loi. C’est le constat sans appel dressé par SOS Racisme à l’issue d’une campagne de 
« testing » réalisée entre janvier et mars 2023. Trois cents petites annonces postées sur 
leboncoin.fr pour des T1, T2 et T3 à Poitiers, Buxerolles et Saint-Benoît, ont été scrutées. La méthode importée des Etats-Unis dès les années 1990 par l’association est bien connue. 
« L’opération consiste à observer les réponses apportées aux candidats et à analyser les éventuelles différences en fonction du prénom et du nom de famille laissant supposer une origine étrangère, explique Sydney Firsching, étudiante en master migrations internationales et coordinatrice de cette enquête. Nous avons aussi précisé leur statut administratif. Tout le reste était identique : jeune actif, salarié à Poitiers. »

Rendre visible 
un phénomène

D’une manière générale, les hommes d’origine française ont plus de chance d’être rappelés que les autres. Les immigrés sont plus mal traités que les candidats n’ayant pas fait mention d’un titre de séjour. Mais pour aller plus loin dans le niveau de détails, l’étude a séparé deux types d’origines. Et là, les résultats sont encore plus éloquents : « Les hommes d’origine ouest-africaine, immigrés ou perçus comme descendants d’immigrés, ont 54,7% de risque d’être discriminés lors de la première prise de contact », 
indique le rapport. La moitié d’entre eux (51,1%) n’ont même pas obtenu de réponse. De leur côté, « les hommes d’origine maghrébine présentent un risque de discrimination à hauteur de 30,4% ».

Cette opération ne donnera pas lieu à des dépôts de plaintes. 
« Elle a surtout une visée statistique et politique pour rendre visible un phénomène », 
souligne Sydney Firsching. Cheick Diaby, représentant local de SOS Racisme, se félicite que cette enquête, la première à Poitiers, pose des chiffres sur un ressenti : « On remarque que la différence de traitement existe ici aussi, dans une ville moyenne de province. Notre rôle est de porter ces éléments à la connaissance du public et de saisir les autorités pour qu’elles organisent des campagnes de sensibilisation afin de rappeler que le racisme n’est pas une opinion dans notre pays, mais un délit. » Il associe les réactions des propriétaires à des 
« préjugés ». Cette enquête a le mérite de leur faire « prendre conscience du caractère illégal » 
de la situation. L’association a d’ores et déjà prévu de solliciter les maires des communes concernées pour les inciter à réagir. A noter qu’un autre 
« testing » mené en début d’année à l’entrée des boîtes de nuit n’avait démontré aucune discrimination, contrairement à d’autres villes ou des dérives ont été mises en évidence.

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