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La transition en douceur
Catégories : Economie, Social, Initiative, Entreprise Date : dimanche 08 janvier 2023Le Fonds de gestion du congé individuel de formation a vécu (Fongecif), vive Transitions Pro ! En 2021, plus de 5 000 actifs de Nouvelle-Aquitaine ont activé ce levier pour opérer un virage professionnel.
Il existe mille et une manières de réorienter sa vie professionnelle, notamment pour les salariés en contrat à durée indéterminée en poste depuis plus d’un an dans une entreprise. La loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018 a consacré Transitions Pro, le nouveau nom du Fongecif. « Quand un salarié souhaite, à un moment de sa vie, par choix ou par nécessité, changer de métier, il passe par nous », confirme Philippe Berneau, responsable analyse et développement de Transitions Pro Nouvelle-Aquitaine. Gros avantage : le maintien de la rémunération le temps de la formation et la possibilité de réintégrer son poste à l’issue.
Concrètement, les projets de transition professionnelle (PTP) durent en moyenne neuf mois, avec une prise en charge d’environ 25 000 à 27 000€ par projet. L’essentiel concerne le salaire. Parmi les formations les plus financées, figurent conducteur routier de marchandises, aide-soignant, conseiller en insertion professionnelle, gestionnaire de paie... Les profils des demandeurs sont de fait très divers (cf. repères). Dans la Vienne, environ 200 dossiers ont été acceptés en 2021, dernière année de référence, soit à peine 10% du total des demandes à l’échelle régionale. Les équipes de Transitions Pro, basées à Bordeaux, Limoges et Niort, ne gèrent pas que les PTP, mais aussi le dispositif démissionnaire.
« Reprendre une entreprise »
« C’est la possibilité, sous certaines conditions, pour des salariés en CDI (d’au moins cinq ans, ndlr) de pouvoir démissionner sans avoir de carence parce qu’ils veulent se reconvertir, créer ou reprendre une entreprise », explicite Philippe Berneau. Transitions Pro délivre une attestation qui « offre » six mois aux futurs dirigeants pour mûrir leur projet, Pôle Emploi versant des indemnités dans ce laps de temps. Les demandes ont bondi de 60% en 2021 et le rythme a aussi été soutenu l’année dernière. « Deux tiers des personnes exercent déjà leur métier mais veulent se mettre à leur compte ou reprendre une entreprise. »
Un troisième outil relève de la quarantaine de collaborateurs de l’ex-Fongecif : Transitions collectives. En l’occurrence, il s’agit de venir au soutien d’entreprises qui risquent de disparaître et d’« anticiper au maximum pour permettre aux salariés de rebondir ». Sans surprise, la Fonderie alu d’Ingrandes (cf. lire ci-dessous) a constitué un « gros dossier ». Les ex-fondeurs ont deux ans et autant de formations que nécessaire pour se reconvertir.
Plus d’infos sur transitionspro-na.fr.
Après trente-trois ans aux Fonderies du Poitou, d’abord comme intérimaire puis en tant que salarié, Yannick Babin (notre photo) a tourné la page. Dans quelques mois, il sera officiellement Assistant éducatif et social (AES) diplômé. « L’une de mes filles a fait des études d’infirmière et je m’y suis intéressé... », commente l’ex-fondeur, conscient qu’à partir de 2011, « rien n’était plus acquis » à l’usine d’Ingrandes-sur-Vienne. Yannick a bénéficié du dispositif Transitions collectives pour sauter le pas d’une nouvelle vie professionnelle. Il suit aujourd’hui des cours à la Maison familiale et rurale d’Ingrandes... aux côtés de l’un de ses anciens collègues. « En parallèle, je fais des stages (trois fois 240 heures, ndlr) à la Maison bleue, qui accompagne de jour des malades d’Alzheimer. Ça correspond vraiment à ce que je veux faire. » Yannick a toujours eu « le sens du contact » et cultivé l’attention pour les autres. Au-delà des activités, évidemment aux antipodes, un autre changement de taille l’attend : « J’ai toujours travaillé de nuit et, là, je change complètement de rythme. Ça ne se fait pas du jour au lendemain ! » Mais le quinquagénaire qui a « anticipé » sa reconversion sait pouvoir compter sur le soutien de ses proches. Notamment celui de son épouse. Elle a elle-même réalisé une Validation des acquis de l’expérience (VAE) pour passer d’agent des services hospitaliers à aide-soignante.
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