La percée 
des distributeurs automatiques

Pain, pizzas, fromages, fruits et légumes, granulés... Le marché de la distribution automatique se porte comme un charme. La crise sanitaire a agi comme un déclencheur.

Le7.info

Le7.info

Si l’équipe de France se qualifie pour les quarts de finale de la Coupe du monde de foot, Grégory Maury se frottera les mains. Le gérant d’Allo Pizz’, dont les deux enseignes de Naintré et Beaumont tournent rond, sait qu’il vivra quelques soirées agitées. Le pizzaïolo a opté pour l’ouverture de deux distributeurs automatiques, à Vouneuil-sur-Vienne en mars dernier et récemment à Dissay. 
« On fait en moyenne deux cents pizzas par semaine à Vouneuil, c’est assez inattendu, se réjouit-il, alors qu’il avait dans un premier temps envisagé d’ouvrir un troisième point de vente à Jaunay-Marigny. Mais on n’a pas trouvé de personnels... » Son investissement initial (60 000€) 
sera vite rentabilisé. Du reste, les automates à pizzas, légumes, viande, fromages ou granulés, se multiplient comme des petits pains.

20 à 25% 
de croissance par an

Simple effet post-Covid ou véritable tendance de fond ? « Ce n’est pas juste un effet passager », 
répond Frédéric Chauveau. Depuis Niort, sa société installe soixante à soixante-dix distributeurs par an dans le Grand-Ouest et a triplé ses effectifs, de 2 à 
6 salariés. Capital, sur M6, a servi de tremplin en février 2021. 
« On a eu cinq cents contacts en quelques jours !, lâche le patron de KAO. En soi, le concept du distributeur n’est pas nouveau, ça fait quarante ans qu’on retire de l’argent ou qu’on se sert de l’essence avec des pompes automatisées. » Du libre-service de produits de base dans les quartiers aux distributeurs de produits locaux à la campagne, le phénomène touche toutes les zones. D’où une « croissance du secteur de 20 à 25% par an », portée par les changements de rythme de vie autant que par le coût des carburants ou des problématiques d’aménagement du territoire.

A Sillars, petite commune du Sud-Vienne, la municipalité a installé en mars un distributeur automatique de produits alimentaires dans le bourg. Avec le souci de promouvoir les produits locaux. L’automate est d’ailleurs approvisionné par la ferme du Léché, à Saulgé. « Notre boutique étant ouverte les mercredis et samedis matin, la machine nous permet de toucher des gens qui vont à leur travail ou en sortent, explique Victor Léglantier, l’exploitant. Ça marche pas mal, même si ça reste variable selon les journées. » 
Jonathan Planchon, lui, a été l’un des premiers à investir. Le distributeur est installé depuis 2018 le long de la N62, au lieu-dit Louineuil, à Jaunay-Marigny. 
« L’investissement a été rentabilisé, cela a très bien marché au début et pendant les confinements, raconte le maraîcher. Mais depuis, l’activité ralentit, comme pour de nombreux magasins de producteurs. »

Ce qui vaut pour les produits alimentaires vaut aussi pour les consommables. Le premier distributeur français de pellets a vu le jour à Chasseneuil, installé par Chaleur Ô Naturel. « On l’a fait dans l’idée de générer du flux, sans avoir à faire attendre le client », indique Jérôme Bellin. Autre avantage : permettre une consommation « au fil de l’eau » 
pour les particuliers ayant une capacité de stockage limitée. Le directeur a investi 100 000€ dans ses deux machines, la seconde implantée depuis peu à Châtellerault. « On va mettre du temps à les rentabiliser car les marges sont devenues très faibles. Mais c’est un service supplémentaire. »

A en croire Frédéric Chauveau, les marges... de manœuvre sont en revanche très importantes. « Dans l’ouest, on est très en retard par rapport au nord ou à l’est, où vous trouvez parfois des distributeurs de pommes de terre ou de fromage tous les 5km. » A défaut, le dirigeant de KAO prépare la sortie de plusieurs automates à pizzas à Saint-Benoît, Mignaloux... Lesquels seront entièrement alimentés par des travailleurs en situation de handicap. Nom de code : Soli’Piz.

À lire aussi ...