Le Pacte efficacité matières accompagne depuis dix ans des entreprises de la Vienne à la mise en œuvre d’actions de prévention et de gestion optimale de leurs déchets. Au-delà de l’éco-geste, ces pratiques constituent un vrai levier d’économie.
Le compostage est devenu une nouvelle habitude pour les salariés de Ma Boulangerie Café Banette, sur la Technopole du Futuroscope. Chaque jour depuis deux mois, ils déposent dans des caisses le pain dur et les produits alimentaires en limite de consommation. Leurs collègues du Grand Large, à Poitiers, les confient à une structure qui oriente ce flux vers l’alimentation animale, entre autres mesures visant à réduire leur déchets. « Ça a été un peu long et fastidieux mais tout le monde s’y est mis », confie Jonathan Lucas, boulanger à la boutique du Grand Large, chargé de veiller au respect de ces bonnes pratiques.
Ces dix dernières années, cinquante-cinq entreprises de la Vienne -dont Ma Boulangerie Café- ont bénéficié du Pacte efficacité matières. Pilotée par la Chambre de commerce et d’industrie et le réseau Soltena (Solutions pour la transition écologique Nouvelle-Aquitaine), financée par les communautés d’agglomération et l’Ademe, cette action a vise à accompagner les entreprises de manière individualisée dans une meilleure gestion de leurs déchets. Deux ans après le premier atelier collectif, un groupe de huit entreprises a présenté son bilan. Elles ont, en moyenne, évité et/ou recyclé 472,4 tonnes de déchets par an et ainsi économisé l’équivalent de 27 565€ par an.
Aller plus loin
Cette économie a permis à certaines sociétés d’absorber en partie les fortes hausses de prix d’achat des matières premières. Mais pas seulement. « C’était l’occasion de prendre de la hauteur et de réfléchir globalement à notre stratégie environnementale », souligne Franck Noël, responsable QSE chez Ruel Etiquettes, à Lussac-les-Châteaux. Le fabricant songe ainsi à une démarche d’éco-conception de ses étiquettes adhésives. « Mais cela reste compliqué dans la période actuelle. » Carambar & Co, à Saint-Genest-d’Ambière, a de son côté développé des sachets recyclables, en plus de la valorisation de ses biodéchets par méthanisation ou par compostage.
« Le Pacte peut aboutir à la révision de notre processus industriel, c’est un réflexe que l’on doit avoir », salue Bertrand Gervais, le directeur de la CCI. Dans cette volonté d’aller encore plus loin dans la démarche, Facedim entreprend, elle, de revoir l’isolation de son bâtiment. Pour Ruel Etiquettes, il est enfin question de diminuer sa consommation de matières premières, notamment de dorures -lesquelles ne peuvent pas être recyclées-, au profit de polymères plus fins. Avec l’espoir d’essaimer auprès de ses clients. « C’est pourquoi on les informe, on les sensibilise à moins recourir aux dorures. »