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Le Web3 réinvente l’entrepreneuriat
Catégories : Economie, L’info de la semaine Date : mardi 03 mai 2022Fondée en septembre, la startup poitevine QoWatt a levé en trois mois 10M$ pour poursuivre ses activités de développement et d’installation de bornes de recharge électriques. Une prouesse entrepreneuriale rendue possible grâce à la cryptomonnaie.
Des semaines que les places de stationnement pour véhicules électriques aménagées sur la zone commerciale de l’aéroport Poitiers-Biard attendent leurs bornes de recharge. Elles en seront enfin équipées, d’ici la fin du mois. Il s’agira de bornes « nouvelle génération » de la marque QoWatt. Fondée en septembre 2021, cette startup poitevine promet une infrastructure « user friendly », accessible et multilingue, qui fait payer au kWh rechargé et non au temps, variable selon les modèles de voiture. « Beaucoup d’opérateurs facturent à la minute parce que c’est plus rentable, observe Hugo Manteau, son dirigeant. Mais c’est un système tarifaire discriminatoire. » Au-delà, QoWatt prend tout en charge, de l’installation jusqu’à la maintenance. Mieux, les hébergeurs (parkings de bureaux, d’hôtels, de complexes commerciaux) reçoivent jusqu’à 10% des revenus générés par les bornes. « Ce qui leur permet de réduire leurs charges. » Et d’encourager l’éco-mobilité. Afin de développer cette offre innovante, la jeune pousse a bouclé en seulement trois mois une première levée de fonds à hauteur de 10M$ (9M€)... en actifs numériques. En somme, de la cryptomonnaie. Une révolution dans le monde de l’entrepreneuriat.
On compte déjà un peu plus de 30 000 détenteurs de QoWatt « tokens » (QWT). Ces jetons numériques permettent d’obtenir des NFT donnant droit à des remises sur le réseau de bornes QoWatt, ainsi qu’à une voix dans des décisions de la société (comme le design des bornes). « Ce sont des investisseurs du monde entier parce qu’Internet n’a pas de limites, évoque Hugo Manteau. Plus il y aura de bornes installées, mieux ce sera pour leur investissement. » L’entrepreneur de 33 ans s’appuyant sur la forte spéculation qui règne dans la « jungle » du Web3(*).
« Beaucoup ne m’ont pas pris au sérieux »
Bien qu’aguerri à cet univers de la blockchain et des cryptos, le Poitevin a été surpris par l’intérêt suscité par son projet. Impossible à mobiliser de manière aussi fulgurante dans le « réel ». « Jamais je n’ai vu une telle puissance d’engagement de la part d’une communauté, pour aider à propulser une jeune société. » De quoi intriguer les très grandes entreprises, certaines ayant approché QoWatt en vue d’entrer dans son capital. Il y a encore quelques mois, Hugo Manteau bataillait pour convaincre eTotem, fabricant français de bornes de recharge, de le suivre… « Beaucoup ne m’ont pas pris au sérieux. »
Avec QoWatt, Hugo Manteau entend prouver que le Web3 n’est pas qu’un endroit « où l’on fait du blanchiment, où il n’y a que des arnaques », mais bel et bien une opportunité à saisir. « Cette économie virtuelle permet aujourd’hui de financer une entreprise réelle. » Et de se montrer ambitieux. En phase active de recrutement, la startup prévoit de déployer une vingtaine de bornes à Poitiers d’ici la fin de l’année, dans toute la France et à l’international en 2023, avant une entrée en bourse.
(*) La nouvelle génération de technologies du web basées sur les chaînes de blocs (« blockchain »), qui fait suite au Web 2.0.
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