Plus 283€ sur sa facture d’électricité en juillet. Catherine se mord les lèvres en observant la flambée des prix de l’énergie sur les derniers mois. « Mon fils m’avait proposé d’aller à Marseille avec lui pendant quatre jours, ce n’était plus possible… J’appréhende cet hiver, c’est une prise de tête. » Malgré une consommation raisonnée, ses dépenses totales d’énergie sont supérieures à 8% de son budget. Catherine est ainsi considérée comme étant en situation de précarité énergétique, comme près de six millions de Français. Et ils pourraient être encore plus nombreux d’ici la fin d’année. Selon le baromètre du médiateur de l’énergie, 60% de la population déclare avoir réduit son chauffage pour ne pas avoir à payer des factures trop élevées. Soit deux fois plus qu’en 2019…
Les associations et bailleurs sociaux redoutent déjà une explosion des dossiers dans les prochains mois, voire prochaines semaines. « Je suis préoccupé, reconnaît Henri Colin, le président d’Habitat de la Vienne. La première aide qu’on apporte est la réhabilitation de logements -200 par an- mais le plus difficile reste de réduire les charges. » A la Confédération syndicale des familles (CSF) de la Vienne, où les cas de précarité énergétique représentent un peu plus de 20% des dossiers, on guette une réaction de l’Etat. « Sinon ça va faire mal, s’inquiète Véronique Villeneuve. Les petits salaires ont déjà pioché dans leurs réserves. »
Le gouvernement a acté l’attribution d’un chèque énergie exceptionnel de 100€ aux bénéficiaires 2021. Dans la Vienne, on en compte plus de 37 000. En 2020, 843 ménages ont été aidés financièrement par le Fonds de solidarité pour le logement de la Vienne (FSL 86), qui est piloté par le Département et financé en partie par EDF (74 000€). Une nouvelle convention sur cinq ans a été signée vendredi entre les trois parties. Elle engage notamment le distributeur à maintenir l’énergie à la puissance souscrite par le client le temps prévu pour l’instruction de sa demande d’aide.
Le FSL86 comprend aussi un volet prévention, en aidant à diagnostiquer et à résorber les motifs de précarité. « Plus de 45% des foyers accompagnés ont eu une baisse de leur facture énergétique, en moyenne de 300€ », assure Antoine Dagonat, le directeur. « La rénovation énergétique et l’éducation sont la clé, car les usages en électricité ne cessent d’augmenter », abonde Véronique Debelvalet, directrice d’EDF Commerce Grand-Centre. Jean-Yves Billy ne dit pas mieux. Avec un autre bénévole du Secours catholique de Bressuire, il a mis en place un réseau local visant à accompagner les foyers précaires. « Les éco-gestes peuvent permettre d’économiser jusqu’à 25% de consommation d’énergie », insiste l’ex-ingénieur thermicien. Cette initiative a vocation à essaimer, notamment dans le sud du département où des besoins ont été identifiés. La délégation de la Vienne envisage le recrutement d’un chargé de mission en CDD dès 2022 pour la déployer sur le territoire.
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Ward Hamoush. 22 ans. Réfugié syrien en France depuis 2016. En attente de la nationalité française. Ancien étudiant poitevin en musicologie. Donne des cours en Vendée. A raconté son parcours d’exil sur la scène du dernier TEDx Poitiers, l’autre samedi. Signe particulier : modèle d’intégration.
