Hier
Alain Rousset : « Nous foisonnons d’idées et de projets »
Catégorie : Politique Date : vendredi 18 juin 2021A quelques jours des élections régionales, Le 7 donne la parole aux huit têtes de liste. Huitième et dernier volet avec le président socialiste sortant de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset.
Quelle serait votre première mesure si vous étiez réélu à la tête de la Région ?
« Commençons par notre grand projet stratégique autour de la santé globale, portant sur la formation des métiers du soin, de la présence de la médecine de proximité, de la recherche dans les nouveaux médicaments. C’est « one health », une seule santé : nous rapprocherons la santé humaine, animale et végétale, les considérant comme un même continuum. Mais n’oublions pas la mobilité. Dès le lendemain de mon élection, je souhaiterais proposer un abonnement TER social « Jeunes et Étudiants » pour faciliter notamment les trajets vers les lieux de formation et les entreprises tout en mettant en œuvre notre grand plan rail. Bien sûr, je pense également mettre sur pied un collectif budgétaire ou budget supplémentaire de relance pour l'économie régionale avec des mesures fortes de soutien aux fonds propres des entreprises, à la modernisation industrielle, à la relance des secteurs très impactés par la crise comme la culture, le tourisme et l'évènementiel, et des actions de formation fortes et ciblées sur les salariés que la crise aura laissés sur le bord du chemin. En outre, alors que nous connaîtrons certainement un été chaud, nous devons aider l'agriculture à s'adapter aux changements climatiques en utilisant l'eau avec sobriété et proposer un accompagnement spécifique, en plus de poursuivre les vastes politiques de réduction des pesticides et de régénération des sols mis en œuvre dans le cadre de Néo Terra (ndlr, la feuille de route du Conseil régional destinée à accélérer la transition écologique et énergétique). Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. »
Qu’est-ce qui plaide, au fond, pour votre réélection, après vingt-trois ans de présidence de l’Aquitaine puis de la Nouvelle-Aquitaine ?
« D’abord, avec mon équipe, nous avons réussi une fusion historique de trois régions, ce qui n’avait rien d’évident ni d’acquis, loin de là ! Ensuite, comme votre précédente question l’a en partie illustrée, nous foisonnons d’idées et de projets pour et dans les territoires. Comment pourrait-il en être autrement ? A force d’en sillonner les moindres recoins, je rencontre celles et ceux qui font le quotidien de notre région, je me nourris de leurs projets, je réfléchis aux meilleurs moyens de les accompagner, de créer les conditions de leur réussite. Et puis, enfin et surtout, je porte au plus profond de moi la passion de cette région. Pour ses territoires, ses paysages, ses habitants et ses habitants, il y a quelque chose de difficile à nommer mais qui ressemble à de l’affection. Et nous avons l’audace de penser qu’ayant pris les décisions qui s’imposaient pendant la crise pandémique, et ayant engagé les transitions structurelles avant qu’elles ne fassent irruption, nous sommes les mieux placés pour mener à bien le projet de la Nouvelle-Aquitaine. Rappelons que l’action publique est la prise en compte du temps long : ce qui surplombe tout, c’est le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité, qui impactera toutes nos vies. Et la transition que nous mettons en place, à travers Néo Terra, ne sera atteinte que par la confiance et l’accompagnement. C’est ce à quoi nous œuvrons. »
Les compétences du Conseil régional sont assez peu connues des habitants. Comment serait-il possible de mieux les faire connaître ?
« Grâce à vos questions et aux articles que vous écrirez sur la Région ! Mais vous savez, je ne suis pas de ceux qui lancent des grands plans de communication pour faire savoir sur tous les toits qu’on fait ceci ou cela. Peut-être le devrais-je ? Reste que je préfère prendre mon bâton de pèlerin, convaincre l’ensemble des parties prenantes de me suivre, comme pour ériger une transition énergétique, agricole et écologique en véritable système. Les changements à bas bruit, mais réels et concrets, m’intéressent plus que les effets d’annonce. J’agis plus que je ne parle. C’est ma marque de fabrique. Ce qui n’empêche pas les réussites spectaculaires ! Au contraire, je crois que cette méthode de co-construction, d’action vigoureuse et d’une certaine humilité est la clef de la réussite. »
Quelles compétences souhaiteriez-vous décentraliser ?
« Vaste question ! Vous me connaissez, girondin pur jus et décentralisateur radical, je pourrais aller très loin sur cette question. Je regrette toujours que nous n’ayons pas eu de véritable choc de décentralisation lors du quinquennat précédent, et j’ai horreur du réflexe jacobin et centralisateur de l’actuel Gouvernement, qui marque un réel recul de l’aménagement du territoire, comme avec le retrait de la compétence de l’apprentissage dont je souhaite ardemment qu’elle revienne aux Régions. En outre, je suis persuadé qu’à terme des pans entiers de l’action publique comme l’éducation et la santé reviendront aux Régions, comme dans les grands pays démocratiques. Songez que la France de Pasteur n’a pas produit un vaccin ! Et la régionalisation de l’éducation permettrait, à mes yeux, le retour de l’ascenseur social, la réussite scolaire, l’orientation choisie. En attendant, la Région expérimente, lance des pistes, se propose comme territoire-test. Je n’ai cessé de réclamer à tous les chefs de l’Etat plus de moyens d’agir. La pandémie et la crise n’ont fait que renforcer cette intime conviction. Concrètement, je souhaiterais que viennent ou reviennent dans les compétences des Régions les plateaux techniques des lycées et des CFA ou encore la recherche en santé concernant l’humain, l’animal et le végétal. »
Au-delà de la décentralisation, qu’est-ce qui pourrait fédérer cette Région, rassembler tous les territoires autour d’une identité régionale ? Un événement culturel ? Ou sportif ?
« Ces évènements existent et ils ne peuvent se résumer à un seul, aussi enthousiasmants soient-ils. De festivals tels que les Francofolies à nos magnifiques clubs de rugby, de basket, de handball ou de football qui font notre fierté, en passant par les liens historiques qui remontent jusqu’à Alienor et l’art roman, nos paysages qui sont les plus beaux de France, nous formons les territoires-unis de Nouvelle-Aquitaine ! Reste à savoir en fédérer les talents et les énergies. C’est là tout mon projet, toute mon ambition. »
À lire aussi ...