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Nicolas Thierry : « Notre premier chantier sera l'agriculture »
Catégorie : Politique Date : mercredi 16 juin 2021A quelques jours des élections régionales, Le 7 donne la parole aux huit têtes de liste. Cinquième volet avec le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts Nicolas Thierry.
Quelle serait votre première mesure si vous étiez élu à la tête de la Région ?
« Notre première mesure sera de déclarer l’état d’urgence en matière de climat et de biodiversité. Et nous appliquerons les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat. Parce que nous croyons à l’intelligence collective du peuple au nom duquel nous agissons, et que nous savons qu’Emmanuel Macron fait fausse route en refusant de prendre enfin le chemin du réalisme écologique… Notre premier chantier sera l’agriculture, parce que si nous réussissons ici la mutation agricole vers un modèle respectueux des humains, des animaux et de la planète, nous serons un exemple pour toute l’Europe. Nos propositions sont simples et ambitieuses : acheter et préserver 60 000 hectares de terres agricoles pour aider les agriculteurs et lutter contre l’urbanisation à outrance, sortir des pesticides pour protéger notre alimentation et notre santé, offrir du bio dans toutes les cantines pour que tous nos enfants mangent bien. En changeant de modèle agricole on défendra mieux l’avenir de nos paysans, tout en protégeant l’environnement et en améliorant la qualité de notre alimentation. Il est temps de stopper l’urbanisation à outrance et de préserver massivement des terres agricoles pour permettre l’installation présente et future de jeunes agriculteurs. Il est temps de respecter la terre qui nous nourrit. »
Qu’est-ce qui vous sépare/rapproche du président sortant Alain Rousset ?
« Nous ne voulons plus de demi-mesures. Nous voulons piloter le changement : le temps de l’écologie est venu. J’ai du respect pour Alain Rousset, mais après plus de 20 ans de mandat, il est prisonnier du système qu’il a lui-même mis en place. Au fond, il continue à croire que l’écologie est l’ennemie de l’économie. C’est le contraire : si on ne combat pas le dérèglement climatique, notre économie va être violemment impactée. Il n’est plus temps d’attendre : il faut aller vite, la priorité doit être la transition écologique dans la justice sociale. On peut créer 100 000 emplois grâce à la conversion écologique de l’économie. Pourquoi attendre ? Au contraire, pour rebondir après la pandémie, il faut de la solidarité et de l’innovation. Le prochain mandat doit être un mandat de résistance et de réinvention. Résistance face aux dégâts du libéralisme, réinvention pour tourner le dos aux modèles productivistes. Nous ne voulons pas faire des promesses inconsidérées, parce que la gauche a trop longtemps promis plus qu’elle ne faisait. Mais nous ne voulons pas avancer un projet timoré qui, sous couvert d’orthodoxie, empêche de mener la politique environnementale et sociale dont nous avons besoin. Notre programme est le plus solide. J’invite chacune et chacun à le lire. »
Les compétences du Conseil régional sont assez peu connues des habitants. Comment serait-il possible de mieux les faire connaître ?
« On peut imaginer de mener des campagnes de communication et d’information, notamment ciblées sur les plus jeunes pour lesquels la région dispose de vraies ressources. Mais le vrai problème est politique. Respectons l’intelligence des électrices et des électeurs. C’est ainsi que nous pourrons défendre nos territoires et mieux protéger notre avenir. Quand je vois le Rassemblement national agiter des mensonges en faisant des propositions qui ne relèvent pas des compétences de la Région, je suis très inquiet pour mon pays, sur lequel souffle un vent de démagogie. Madame Darrieussecq elle-même est allée soutenir à Caussade une retenue d’eau illégale… Tout ça pour glaner quelques voix. C’est triste. La campagne des Régionales est confisquée par les boniments sur la sécurité et la tentation de la haine de l’autre. Notre débat public doit regagner en sérénité et en dignité. »
Quelles compétences souhaiteriez-vous décentraliser ?
« Ce n’est pas tant une question de compétences à décentraliser que de vision politique globale. Il faut enfin inventer notre région, une Nouvelle-Aquitaine forte parce que solidaire. En tant que président de Région, je veillerai à lutter contre les fractures territoriales. Je ne suis pas pour le centralisme et la création de métropoles qui étouffent le reste de la région. La fusion des anciennes régions s’est faite dans la douleur. Désormais, tous les territoires doivent être traités avec la même dignité. Alain Rousset n’a pas assez lutté pour l’égalité des territoires. Il aime dire que la Région crée de l’emploi industriel et c’est vrai. Mais les créations d’emploi sont concentrées dans l’ancienne Aquitaine. Il est temps de s’attacher à vraiment réussir la décentralisation. Commençons par en finir avec la discrimination territoriale, qui consiste à concentrer la création d’emplois et les moyens dans la même zone. Un seul chiffre illustre cette concentration : sur les 94 000 entreprises recensées en Nouvelle-Aquitaine, 75% sont situées en Gironde et seules 25% sont basées dans le reste de la région. »
Au-delà de la décentralisation, qu’est-ce qui pourrait fédérer cette Région, rassembler tous les territoires autour d’une identité régionale ? Un événement culturel ? Ou sportif ?
« Nous voulons une région vivante, pas une entité administrative sans âme. Pour cela, il faut que tous les territoires soient enfin respectés. Ras-le-bol des inégalités ! Je crois aussi beaucoup au rôle de la culture, raison pour laquelle je propose de porter à 100M€ le budget culturel régional. C’est essentiel pour que notre région se réunisse enfin vraiment. En matière de culture comme de sport, je crois à la proximité. Aujourd’hui les projets comme la Méca (ndlr, Maison de l’économie créative et de la culture en Nouvelle-Aquitaine) vampirisent beaucoup de moyens sans créer du lien. C’est une erreur. La décentralisation culturelle doit commencer chez nous : la diversité culturelle et patrimoniale de notre région doit être défendue, valorisée et promue. C’est même un levier de développement. »
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