Hier
Simon Pagenaud. 36 ans. Entame sa dixième saison en IndyCar Series, la catégorie reine de la course automobile aux Etats-Unis. Champion en 2016 et vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis en 2019, le natif de Montmorillon poursuit inlassablement sa quête de performance.
Il y a neuf ans, presque jour pour jour, Simon Pagenaud faisait ses débuts de pilote titulaire en IndyCar Series. Il nous confiait alors son impatience d’en découdre. « Je vais apprendre, mais il ne faut pas que ça tarde trop. J’ai besoin de résultats rapidement. » Pressé, le Montmorillonnais a vite appris. Désigné meilleur « rookie » dès sa première saison (5e), il a remporté le championnat en 2016 puis les mythiques 500 Miles d’Indianapolis en 2019. Ce dernier titre -le premier d’un pilote français depuis un siècle- l’a propulsé dans une autre dimension, celle des sportifs tricolores qui brillent au-delà de l’Hexagone. « Comme les JO, c’est le haut de la pyramide et ça suscite des intérêts de toute part. Le métier devient différent, on est ambassadeur », convient-il.
Aux Etats-Unis comme chez lui
Depuis ses débuts à l’âge de 8 ans sur le circuit du Val de Vienne, l’enfant de Montmorillon a bien grandi. Voilà quinze ans qu’il a quitté sa terre natale pour aller tenter sa chance aux Etats-Unis. Pari gagnant. « Je parlais à peine anglais quand je suis parti. C’est une expérience qui vous renforce énormément. Quand j’y repense, c’est vraiment quelque chose… » Arrivé à Indianapolis sur la pointe des pieds, il en est aujourd’hui l’une des grandes figures. Là-bas, le Français a su s’attirer la sympathie des gens, notamment grâce à son chien Norman qui le suit sur toutes ses courses. Le Jack Russel répond même aux interviews ! « C’est une star sur les circuits, se marre le pilote. Il y a ici une sacrée communauté de gens qui aiment les chiens. Enfant, j’en ai toujours eu autour de moi. » Le trentenaire a eu la « bonne surprise » de découvrir le visage de son compagnon canin à côté du sien, gravé sur son mini-trophée des 500 Miles. Une première dans le monde de l’IndyCar, et elle est pour lui.
A Indianapolis, il a aussi trouvé l’amour auprès d’Hailey, qu’il a rencontrée il y a neuf ans. Ils se sont mariés le 25 octobre 2019 lors d’une cérémonie en anglais et en français. Simon revient dans la Vienne dès qu’il le peut, quatre à six semaines par an, pour voir famille et amis. Pandémie oblige, il a fait l’impasse cet hiver. A regret. L’ancien étudiant de l’Ensma a toujours à cœur de représenter son territoire à l’international. « On a une belle relation avec le Département, on ne s’oublie pas, sourit-il. C’est une grande fierté de prendre la suite de grands sportifs poitevins comme Brian Joubert ou Mahyar Monshipour. Et de montrer aux jeunes qu’il faut travailler pour réaliser ses rêves. »
A 36 ans, Simon entame une dixième saison consécutive en IndyCar Series (première course le 18 avril, ndlr), avec toujours cette même soif de victoires. « Je veux aller chercher les 500 Miles pour une deuxième bague au doigt et remporter le championnat, annonce-t-il. J’estime que c’est tout à fait possible, nous avons mis toutes les chances de notre côté cette saison. » Le Français du team Penske veut oublier un exercice 2020 décevant, clos à la 8e place. Loin de ses ambitions. « On sortait d’une grosse saison et je me suis surchargé avec d’autres occupations », concède-t-il.
« Obsédé » par la performance
Il le reconnaît volontiers, la performance est chez lui une obsession. « Je suis heureux lorsqu’elle est au niveau que je souhaite. Ne faire qu’un avec la voiture, c’est une sensation incroyable que je veux ressentir toute ma vie. » Pour autant, Simon n’ira pas se mettre en danger pour aller la chercher. La preuve, il est le pilote du championnat à avoir eu le moins d’accidents la dernière décennie ! « Une stat que j’aime beaucoup, commente-t-il. Ça vient de mon éducation. J’ai appris à contrôler mes émotions, à calculer quand la prise de risque est juste. » Comme l’ensemble du milieu du sport automobile, il a été soulagé de voir son compatriote Romain Grosjean sortir indemne de sa terrible sortie de route au Grand Prix de Bahreïn, en novembre dernier. Les deux hommes se retrouvent cette année en IndyCar. « Romain m’a contacté cet hiver pour l’aiguiller dans le championnat. Je savais depuis un moment qu’il pensait à s’y engager. »
Passionné par son sport, Simon trouve parfois le temps de « déconnecter ». Quand il ne roule pas sur les ovales, il s’adonne au home-trainer, via la fameuse application Zwift. On le retrouve aussi régulièrement sur des parties de rFactor 2, une simulation de course automobile très pointue sur PC. « Il y a une grosse communauté en ligne, souligne ce grand amateur de jeux vidéo, qui a passé de nombreuses heures sur le premier GranTurismo. Ça me permet de m’entraîner et de jouer avec des amis basés en France. » La course, encore et toujours. Cette passion « unique et dévorante » prend décidemment beaucoup de place dans sa vie. Il est encore loin de s’imaginer ranger casque et gants de sitôt. Motivé à l’idée d’enrichir son joli palmarès (14 victoires, 15 pole positions), de repousser ses limites. « Je n’ai pas encore atteint mon potentiel maximum, mon œuvre est loin d’être terminée, dit-il. Je suis passionné par le pilotage et la performance et dans ces deux domaines, j’ai beaucoup d’intérêts pour le présent et le futur. » Rendez-vous est pris.
DR - IndyCar/JGSÀ lire aussi ...
lundi 23 décembre