Les surendettés sont moins nombreux

En 2020, le nombre de dossiers de surendettement a nettement reculé dans la Vienne. Comme pour les entreprises, les aides exceptionnelles débloquées par l’État au début de la crise ont compensé -momentanément- les difficultés des ménages.

Romain Mudrak

Le7.info

L’arrêt a été net. Jean-Pierre Etoubleau se souvient de l’impact du premier confinement sur l’activité de son association Crésus. « Comme par un coup de baguette magique, on est passé de sept appels par jour à plus rien. » A croire que les soucis financiers des particuliers avaient soudainement disparu. Chez Crésus, trois bénévoles soutiennent ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois en les aidant à mieux gérer leur budget. Ils élaborent aussi des demandes de microcrédits et accompagnent régulièrement les plus en difficulté dans la constitution de leur dossier de surendettement. Or, aujourd’hui encore l’association fonctionne au ralenti. Crésus ne reçoit plus physiquement dans sa permanence des Trois-Cités mais sur rendez-vous téléphonique. 

« Amortisseur social »

Ce constat est partagé. Malgré la crise économique liée à la Covid-19, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la commission ad hoc de la Banque de France a diminué en 2020. Et pas qu’un peu ! Si les experts observaient une baisse tendancielle de 10% en moyenne chaque année depuis 2014, cette fois le recul atteint 28,3% (731 dossiers). Surtout à la suite d’« accidents de la vie », de séparation, d’une maladie, d’une période de chômage… C’est plus qu’au niveau national (-24%) et même régional (-25,5%). 

« Entre le chômage partiel, les aides spécifiques mises en place par l’Etat en avril et mai 2020, ainsi que des mesures de différés de remboursement prises par les banques elles-mêmes, un rôle d’amortisseur social a clairement joué », souligne Patrick Saulner, directeur de la Banque de France à Poitiers. Et puis la plupart des ménages ont aussi moins dépensé par la force des choses pendant cette période. On connaissait ce phénomène pour les entreprises. Le nombre de procédures collectives (sauvegardes, redressements, liquidations) a ainsi diminué de 62% en 2020. On sait maintenant que les mesures exceptionnelles du « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron ont également soutenu les ménages. Reste à savoir, là aussi, si un effet de rattrapage s’appliquera à la fin de la crise.

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