Aujourd'hui
Deux ans après sa création, la Technopole Grand Poitiers est encore en rodage. Cinq de ses dix permanents sont partis ou vont partir, à quelques mois de l’ouverture d’une deuxième pépinière d’entreprises près de la gare de Poitiers. Sa nouvelle présidente Sylvie Plumet promet une nouvelle feuille de route.
Les mariages de raison finissent rarement par des unions passionnées. Née d’une commande politique, en 2017, l’association Technopole Grand Poitiers a réuni deux ans plus tard l’ancien incubateur régional et le Centre d’entreprises et d’innovation. A marche forcée. La fusion avec la pépinière d’entreprises de Chasseneuil, indispensable pour obtenir le label Technopole décerné par Rétis, s’est en effet déroulée dans un climat de défiance, qui laisse encore aujourd’hui des traces. « Dire que c’est un échec, je ne suis pas d’accord, coupe Sylvie Plumet, qui a succédé à Alain Claeys dans le fauteuil de président(e) de la Technopole. Il y a de très belles réussites(*). Maintenant, que nous ayons encore besoin de nous structurer, c’est vrai. »
C’est d’autant plus vrai que cinq des dix permanents de la structure, dont deux chargés de mission historiques du CEI et le directeur Cyril Gomel, ont quitté le navire ou s’apprêtent à le faire. « C’est compliqué en ce moment à la Technopole », souffle la dirigeante d’une jeune entreprise. Les départs -« pour des raisons privées ou d’opportunités professionnelles », précise Sylvie Plumet- s’ajoutent à une année 2020 faite de bouleversements, avec l’arrivée de nouveaux élus à Grand Poitiers et la crise sanitaire. N’empêche, pour un ancien administrateur du CEI, la pépinière est « un très bel outil qu’on a saccagé avec un pilotage uniquement politique ». « Il y a des problèmes de management et de lisibilité », insiste un autre.
« Impliquer davantage les entreprepeneurs »
Alors, la Technopole Grand Poitiers, un outil onéreux (1,16M€ de budget annuel) et inopérant ? La réalité est évidemment plus complexe. « Qu’il y ait un problème d’identité et des différences de culture, personne ne peut le nier, confie une source proche du dossier. Il aurait peut-être fallu dès le départ dire que nous étions en construction et impliquer davantage les petits entrepreneurs. » Lui-même chef d’entreprise, Michel François accepte la critique. « Une cheffe d’entreprise comme Sylvie (Plumet) sait au quotidien ce qu’est l’exigence de résultats. C’est la bonne personne pour présider cette Technopole. Et puis si le politique peut donner l’impulsion, soutenir, faciliter, on sait très bien que la création de richesses, l’activité, c’est l’entreprise et les réseaux », assure le vice-président de Grand Poitiers en charge du Développement économique.
Au front depuis la rentrée 2020, Sylvie Plumet doit très vite proposer une « nouvelle feuille de route » à la structure d’accompagnement d’entreprises innovantes. Et ça urge un peu dans la mesure où une nouvelle pépinière de 950m2 va voir le jour en « avril ou mai » près de la gare de Poitiers. Pour héberger quel type d’entreprises ? Avec qui pour les accueillir ? A quels tarifs ? En post-pépinière aussi ? Beaucoup de questions restent sur la table mais « la priorité est d’accompagner les startups », dixit la dirigeante de B Braun. Qui veut aussi « mieux communiquer sur les réussites et valoriser ce qui se fait en interne. » Avant de conclure : « Des turbulences, ça arrive dans les entreprises. » Sauf qu’il s’agit là d’argent public.
(*)53 projets/entreprises accompagnés en 2020, 54 en 2019 et 41 en cours.
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