Le monde de la nuit en coma artificiel

Fermées administrativement depuis le 14 mars dernier, les boîtes de nuit ne rouvriront pas avant la fin de l’année 2021 selon certains professionnels. Les dégâts économiques et sociaux pourraient être nombreux.

Arnault Varanne

Le7.info

4 000 dans les années 80, 1 200 aujourd’hui. Et demain ? Combien de discothèques résisteront à la torpeur dans laquelle elles sont plongées depuis le 14 mars 2020 ? « Quand j’ai entendu les annonces se succéder dans cette fameuse semaine, j’ai pris la décision de ne pas ouvrir le vendredi soir, esquisse Jérôme Lacroix, gérant de La Tomate blanche et de la Grand’Goule (20 salariés). En me posant la question de comment j’allais récupérer cette soirée perdue à 10 000€. Aujourd’hui, j’en rigole... » Il rigole jaune évidemment, meurtri par la situation de ses établissements et de la déliquescence de ses confrères(*) mais « réaliste » par rapport à la pandémie de Covid-19. Tellement réaliste que le chef d’entreprise ne s’attend pas à rouvrir « avant fin 2021 voire 2022 ». « L’Etat nous aide de façon exceptionnelle, mais nous sommes en coma artificiel. Après dix-huit mois de fermeture, on aura perdu notre clientèle, donc la valeur de notre fonds de commerce. Et rien ne dit que les gens reviendront vers nous... »

En attendant de se projeter si loin, Jérôme Lacroix s’efforce de « garder le lien » avec ses salariés et a proposé à certains, l’été dernier, de reprendre du service à la Guinguette pictave. « Ils m’ont dit mille fois merci. Mais mes DJ’s chez eux dans leur chambre, ils font quoi ? Je n’ai pas d’alternative. » La question est d’autant plus prégnante que les discothèques se savent « tolérées » en France, guère plus. On les accuse de beaucoup de maux.

L’Ecole des DJ’s continue

Aux bonnes vieilles boîtes, les particuliers préfèrent aujourd’hui ce que Pascal Tassy appelle les Bars et Restaurants à ambiance musicale (Bam et Ram). Au-delà de la crise sanitaire, le directeur de l’école de DJ’s de la Technopole du Futuroscope observe « une montée en puissance » de ces établissements. « Et eux pourront sans doute reprendre au début de l’année 2021. » C’est précisément vers ces Bam et Ram que le dirigeant envoie ses étudiants. Car oui, l’école de DJ’s continue de tourner. Une vingtaine d’étudiants ont fait leur rentrée -à distance- en octobre et autant effectueront la leur le 
7 décembre. Preuve que le métier d’animateur musical et scénique ne connaît pas la crise. « Tous nos apprentis en alternance (18 mois, ndlr) ont trouvé une entreprise », précise Pascal Tassy. Au passage, il salue le coup de l’Etat sur l’apprentissage. « Sans l’aide de 8 000€, beaucoup d’entreprises n’auraient pas pris le risque », estime le professionnel. L’UCPA a d’ailleurs élargi sa « zone de chalandise » aux bowlings, patinoires, casinos...

Bref, tous les lieux (actuellement confinés) où les événements nécessitent du son et de la lumière. Et génèrent par ricochet des revenus en nette baisse pour la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). L’association a tout même mis en place un Fonds d’aide pour les artistes, eux aussi à l’arrêt.

(*) Le Buckingham Club, la Grand’Goule, le GS Club, la Luna, le Room Club et la Tomate blanche.

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