
Aujourd'hui
Il aurait pu rester confortablement assis dans son fauteuil de juriste au sein du groupe LVMH, département vins et spiritueux. Il aurait pu naviguer d’un grand groupe de luxe à un autre, armé de son master en droit international des affaires, obtenu entre Aix-en-Provence et l’Autriche. Au lieu de cela, Xavier Piganeau, 33 ans au compteur, a préféré quitter Paris pour la Province. Abandonner un salaire garanti pour une rémunération « ultra-serrée. Je trouve plus agréable de bosser pour soi, on a une certaine liberté. J’ai l’impression de ne pas travailler ! »
Le Nantais d’origine a installé ses ateliers de maroquinier dans l’une des dépendances de la maison de sa grand-mère, à Chauvigny. Le berceau familial, une bâtisse qu’il fréquente depuis tout petit. Pendant quelques mois, il s’est « contenté » d’importer des sacs depuis l’Inde pour les revendre en Europe. Las...
« C’était devenu très compliqué avec des délais monstrueux. J’ai pris la décision d’internaliser la fabrication des sacs, aussi parce que je me suis rendu compte que les clients étaient prêts à mettre un peu plus cher pour des articles de qualité. » Xavier Piganeau n’a pourtant aucune formation manuelle. Il en a suivi une de courte durée à Lavausseau, avant de se lancer sans filet. « Etre manuel implique de la créativité, c’est très stimulant. Je suis très patient et je veux que mes sacs soient impeccables. »
Sur Internet (monebari.fr) et grâce à la vente directe, Xavier Piganeau a déjà écoulé près de 140 sacs d’ordinateur, cartables, porte-documents, pochettes... Tous ou presque en toile « tissée et teinte dans le nord de la France ». Quelques modèles mêlent cependant toile et cuir, originaire du pays basque. Amoureux de voyages -« c’est ce qui m’a donné l’idée de créer des sacs week-end »-, le créateur tient à cette notion de made in France. Comme il tient aussi à maîtriser sa chaîne de production, ses photos, la création des modèles... D’ici au printemps, il projette d’ailleurs d’agrandir son atelier pour y installer aussi un showroom. Ses clients lui réclament. Qui sait, peut-être un jour participera-t-il « au rayonnement économique de Chauvigny ». En attendant, il a hâte de pouvoir exposer ses créations à la Maison du tourisme, à Poitiers. Le bon de commande a été signé entre les deux parties trois jours avant le reconfinement...
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