Face au risque de contamination par la Covid-19, les lycées ne sont pas les seuls établissements scolaires à pouvoir expérimenter l'enseignement à distance et à réduire ainsi leurs effectifs d'élèves. Trois collèges de la Vienne bénéficient d'une autorisation exceptionnelle à partir d'aujourd'hui pour des motifs très particuliers.
(Mise à jour - 18h)
Une nouvelle réunion du conseil pédagogique a changé la donne cet après-midi au collège Jean-Moulin qui n'adoptera pas dès mercredi, finalement, la nouvelle organisation prévue. La raison ? Un problème structurel de sur-effectif. "L'établissement accueille déjà 800 élèves alors qu'il est prévu pour 600. Retirer un seul niveau chaque jour ne suffit pas à adapter le protocole sanitaire", explique Pierre Lhomme, professeur d'histoire-géographie et membre du syndicat Sud Education&Recherche 86. Le conseil pédagogique a voté pour une autre solution : diviser par deux tous les niveaux. "On a conscience de la difficulté pédagogique mais certaines classes ont plus de 25 élèves et des dizaines d'élèves s'entassent dans les couloirs et se mélangent dans la cour. Il nous faut des moyens humains et matériels supplémentaires." Reste que le rectorat a refusé dans tous les collèges les roulements qui impliquaient les 6es et les 5es. Aucune nouvelle organisation du temps scolaire ne sera appliquée tant qu'un accord n'aura pas été trouvé entre le rectorat et la communauté éducative de Jean-Moulin.
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On pensait que seuls les lycées étaient autorisés à modifier l'organisation du temps scolaire. Pour réduire les effectifs d'élèves au sein de l'établissement, la plupart d'entre eux ont en effet opté depuis aujourd'hui pour l'enseignement à distance sur des temps plus ou moins longs(*). On apprend ce matin que face aux mêmes difficultés, plusieurs collèges de la Vienne demandent à certains élèves de rester chez eux une partie de la semaine. Le collège Gérard-Philipe à Chauvigny annonce ainsi sur son site internet qu'"à compter du lundi 16 novembre, les élèves de 4e et de 3e seront accueillis par demi-classes. Les modalités de cet accueil sont précisées via l’application Pronote. Les élèves des groupes 2 des classes doivent être présents le lundi 16 novembre ceux des groupes 1 à compter du mardi 17 novembre." Au collège Henri-IV, à Poitiers, les élèves de 4e et 3e sont invités à venir un jour sur deux. Aujourd'hui, les 4e, demain les 3e et ainsi de suite... Idem au collège Jean-Moulin, toujours à Poitiers, où cette nouvelle organisation entrera en vigueur mercredi. Cela ne concernera pas les élèves de Segpa, ni ceux qui suivent un enseignement de français, langue seconde. Ici, l'effectif passera de 770 à 590 environ. De quoi faciliter la circulation dans les couloirs et la cour. L'équipe pédagogique travaille sur les modalités pratiques qui seront communiquées rapidement aux parents. A priori, le même emploi du temps devrait être conservé. Les enseignants se mettront à la disposition des élèves, notamment par messagerie instantanée si besoin, mais tous les documents resteront distribués au format papier.
Et ailleurs ?
Le collège de Neuville-de-Poitou pourrait aussi rapidement basculer dans un mode hybride. Alors pourquoi ces collèges et pas les autres ? Cette situation ne pourrait-elle pas faire jurisprudence ? Pas forcément... D'après nos informations, ces établissements ont bénéficié d'autorisations spécifiques au vu de leurs locaux trop petits ou trop vétustes. C'est le cas des bâtiments du collège Henri-IV, qui seront entièrement rénovés à partir de l'année prochaine. "A chaque fois, l'équipe pédagogique propose une organisation qui est validée par la cellule de continuité pédagogique du rectorat", confirme Thierry Claverie, directeur départemental des services de l'Education nationale. Avant d'ajouter : "La Vienne n'est pas un cas à part, le schéma initial prévoyait déjà des adaptations pour les collèges." Du côté des parents, les avis sont contrastés. Certes, les 6es et 5es sont automatiquement exclus de ce dispositif mais les plus grands sont-ils assez mûrs pour travailler seuls à la maison ? "D'après mes retours, la majorité des parents comprend cette décision même si ce n'est pas l'idéal. En revanche, d'autres parents désapprouvent totalement par peur d'une démotivation des élèves", souligne Pierre Thibault, représentant FCPE au collège. Le syndicat SE-Unsa réclamait ce genre de solution depuis plusieurs semaines : "On ne veut pas forcément du 50% d'enseignement à distance dans tous les collèges, mais il faut que des adaptations soient possibles quand c'est nécessaire", indique son secrétaire académique, Jean-François Roland.
(*) Nous consacrons un article complet à ce sujet dans la version papier du 7 à paraître demain.