Vu le contexte économique et sanitaire, beaucoup d’entreprises n’accueillent plus de collégiens en stage d’observation. Toutefois, dans la Vienne, un dispositif d’aide ouvert depuis un an permet de limiter les dégâts cette année.
Pas simple d’accueillir des adolescents de 3e dans son entreprise quand la majorité des salariés sont en télétravail ! C’est une autre conséquence imprévue de la Covid-19 : les collégiens galèrent pour trouver un endroit où effectuer leur « séquence d’observation en milieu professionnel ». Elle est pourtant obligatoire (lire encadré). Les règles sanitaires apparaissent si contraignantes à beaucoup de chefs d’entreprise qu’ils préfèrent renoncer cette année. Sans oublier les difficultés économiques rencontrées par certains. Vincent Baudet a constaté ce phénomène dans son établissement. « Nous avons en ce moment un nombre significatif de réponses négatives et de désistements d’entreprises qui avaient répondu favorablement en septembre », indique le principal du collège Jean-Monnet, à Lusignan. En milieu rural, la mobilité est aussi un sujet. Ici, cette séquence est prévue juste après les vacances de Noël. Impossible de décaler tous les emplois du temps pour faire du cas par cas. Alors une décision a été prise : accueillir en cours tous les élèves sans solution. Sauf les futurs apprentis qui comptaient sur cette période pour trouver leur employeur. Eux bénéficieront d’un sursis.
Jean-Luc Fourré, représentant local de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines, ne nie pas ces difficultés. Mais il cite aussi l’exemple de « nombreuses entreprises » qui continuent de recevoir « les enfants des salariés ». Comme la sienne dans le Châtelleraudais. « Chez nous, cela fait partie de la politique sociale vis-à-vis du personnel. » Reste tous ceux qui ne bénéficient pas de ce genre de réseaux. Pour eux, un dispositif a été imaginé par la Fondation agir contre l’exclusion (Face). En résumé, un jeune en service civique accompagne les collégiens dans la rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation et les préparent à appeler les entreprises membres du « club Face ». Son action porte sur les Réseaux d’éducation prioritaire de Poitiers et Châtellerault. Elle a eu tellement de succès que le Conseil départemental de la Vienne a repris le concept à son compte et recruté deux services civiques pour les autres collèges. « Nous avons contacté près de 250 entreprises partenaires, une trentaine seulement ont renoncé à accueillir un élève », souligne Elodie Brothier, l’une des deux accompagnatrices. L’an dernier, une centaine de collégiens ont ainsi pu découvrir des métiers et peut-être leur future vocation.
Entrepreneurs, vous désirez accueillir un collégien : face86@fondationface.org.
Stage obligatoire, mais...
Le ministère de l’Education nationale indique dans une circulaire qu’« à titre exceptionnel pour des raisons dûment justifiées, la séquence d’observation peut ne pas être réalisée en raison du contexte sanitaire qui complexifierait l’accueil des élèves de 3e ». Toutefois la rectrice précise que ce texte ne s’appliquera qu’en dernier recours : « Le stage de 3e est un élément important de l’orientation. Il vaut mieux le décaler au printemps plutôt que de le supprimer. » Dans la Vienne, neuf « pôles de stage » répartis dans les Comités locaux école-entreprise (Clee) re-censent les offres disponibles. Les professeurs principaux sont en première ligne.