Elle l’était depuis 2013 pour les jeunes filles de 15 à 17 ans. La contraception sera désormais gratuite dès 12 ans. Destinée à limiter le nombre d’IVG chez les mineures, cette mesure pourrait aussi favoriser un suivi gynécologique précoce.
« Les jeunes filles ont toujours leur jardin secret. » Dans l’infirmerie de son collège de Gironde, Anne Morand, membre du Syndicat national des infirmiers éducateurs en santé, le constate à longueur d’année. Par pudeur ou timidité, lorsque les collégiennes franchissent le pas et se renseignent sur la sexualité ou la contraception, « elles viennent par petits groupes, souvent à l’issue d’une intervention où l’on a précisé que nous étions liées par le secret professionnel, note l’infirmière scolaire. Au collège, des séances d’information sur la sexualité, animées par les infirmières scolaires ou des intervenants extérieurs du Planning familial ou du Centre de planification, doivent avoir lieu trois fois par an. Elles déclenchent souvent d’autres questions. » Des questions taboues lorsqu’on a 12, 13 ou 14 ans. « Ce n’est pas l’âge où l’on va le plus facilement dire à ses parents que l’on va avoir des rapports sexuels », confirme Françoise Petit, du Planning familial de la Vienne. Elle aussi accueille des jeunes filles en quête de renseignements, parfois « de jeunes mineures qui se retrouvent enceintes ».
Favoriser le suivi gynécologique
En France, 1 000 jeunes filles âgées de 12 à 14 ans sont enceintes chaque année, dont 770 ont recours à une IVG. La gratuité de la contraception pour la tranche d’âge supérieure des 15-17 ans a contribué, depuis 2013, à une baisse sensible du nombre d’avortements (de 9,5 à 6 pour 1 000 entre 2012 et 2018). Un décret du 27 août dernier étend donc la mesure à leurs cadettes. Le décret met en place une prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie du ticket modérateur pour les consultations médicales, chez un médecin ou une sage-femme, les examens biologiques, les médicaments et dispositifs contraceptifs.
Evidemment, « l’IVG ne dépend pas forcément de la contraception, d’autres facteurs plus compliqués peuvent l’entraîner. La preuve, tous les ans 200 000 à 220 000 IVG sont pratiquées en France et le chiffre est stable, rappelle Françoise Petit. Mais « cela peut inciter les jeunes filles à passer plus facilement par un médecin, donc à être suivies, positive Anne Morand. Il s’agit souvent, à cet âge, d’un rapport sexuel isolé, pour vivre une expérience. Il est très rare d’avoir une sexualité régulière et la contraception se résume souvent au préservatif. La consultation peut aussi être l’occasion de les informer plus largement. » En tant qu’infirmières scolaires, « nous sommes habilitées à renouveler une ordonnance de pilule et à donner la contraception d’urgence. Nous essayons, dans ce cas, de favoriser le dialogue entre la jeune fille et ses parents ». De fait, au-delà de l’aspect financier, cette mesure de gratuité agite un tabou souvent familial et plus largement sociétal.