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Plus de 70 000 élèves (public-privé) effectuent leur rentrée scolaire cette semaine dans la Vienne. Et la menace de la Covid-19 plane toujours. Pour les parents, ce mardi devrait (normalement) signer la fin d’une période de flou sur les conditions de reprise.
Clémence vient de fêter ses 11 ans. Elle s’apprête donc à vivre sa première rentrée... masquée. En ce mois de septembre 2020, cet accessoire est devenu obligatoire pour les adultes et tous les élèves qui ont dépassé l’âge fatidique. Même dans la cour de récréation. Reste à savoir si elle le supportera en permanence. Malgré cela, après six mois ou presque de vacances, Clémence et son frère Grégoire ont quand même hâte de retourner à l’école. « On a compté, entre le 16 mars et aujourd’hui, les enfants sont allés huit jours à l’école parce qu’il n’y avait pas de garderie le soir, souligne Raphaël, le papa. Ils ne sont pas inquiets mais nous un peu quand même. On n’est jamais sûr que les autres parents appliqueront les consignes à la lettre chez eux. » Plus largement, beaucoup de parents se posent une question : les règles du protocole sanitaire seront-elles suffisantes pour éviter un cas de Covid et une fermeture ciblée ?
Un plan de continuité pédagogique est prêt au cas où... Le ministère de l’Education nationale l’assure. Mais personne ne souhaite vraiment revivre les semaines d’école à distance du printemps. Enseignant, c’est un métier ! Marie n’a même pas acheté de cahier de vacances à ses enfants cet été. « Contraire- ment aux années précédentes, je ne les ai pas fait travailler de façon scolaire. On n’avait pas envie. Encore, si j’avais eu des consignes sur les notions à revoir... »
Réunions de rentrée
L’e-mail de Marie au directeur, envoyé la semaine dernière, est resté lettre morte. « En fin d’année, il n’y avait pas école le mercredi matin. Il faut que je m’organise », poursuit-elle. Ludovic, lui, a bien reçu un message du collège où est scolarisée sa fille Ana, 12 ans, lui indiquant que « le premier trimestre serait consacré à des révisions ». Ouf de soulagement ! Il va falloir rattraper le temps perdu. A part cela, il attend toujours des nouvelles de l’école primaire de son fils de 10 ans. « Sincèrement, à part les horaires de rentrée des enfants, on ne sait pas grand-chose. » La famille récupère des informations dans la presse mais rien d’officiel venant de l’établissement. « La demande est légitime, nous devons être transparents, indique la rectrice Bénédicte Robert. En plus de l’affichage et des e-mails, des réunions de rentrée se tiendront dans le respect des règles sanitaires. » La communication débute donc aujourd’hui dans la plupart des cas. Peut-être un peu tard déjà.
« Les élèves ont pris beaucoup de retard en fin d’année, les inégalités vont se creuser », analyse Hervé Piquion, président de la FCPE86. La fédération de parents déplore le manque de concertation avec l’Education nationale et réclame des enseignants supplémentaires pour travailler en petits groupes afin de « ne pas envoyer les familles vers des cours à domicile qui ne seront pas accessibles à tout le monde ». De quoi aussi répondre aux exigences sanitaires. C’est l’un des points de la pétition lancée depuis quelques jours sur son site. La FCPE plaide aussi pour des sanitaires mobiles et souhaite que les masques soient pris en charge par l’Etat.
Soit le nombre d’élèves attendus à la rentrée dans les écoles, collèges, lycées publics et privés de la Vienne. Cet effectif est en baisse, spécifiquement dans le premier degré qui comptabilise 38 070 élèves (-730). 6 305 élèves sont scolarisés à Poitiers (2 412 en maternelle, 3 893 en élémentaire). Du côté de Châtellerault, ils sont 2 400. Au total, l’académie compte 303 360 jeunes en formation, tous niveaux confondus. Précision, le chiffre publié la semaine dernière était une estimation du rectorat et ne concernait que le public.
« Nous avons comptabilisé environ 1 000 décrocheurs liés à l’enseignement à distance. » Bénédicte Robert, rectrice de l’académie de Poitiers.
Ce sont autant d’élèves que les enseignants ont cherché en vain à contacter. Ils s’ajoutent à 900 autres déjà pris en charge dans des dispositifs particuliers.
Le Département de la Vienne a choisi d’offrir deux masques en tissu à chacun des quelque 20 000 collégiens qui s’apprêtent à reprendre le cours « normal » de leur scolarité. « Nous avons des stocks que nous renouvelons en permanence », indique Bruno Belin, le président du Département. Ces masques en tissu, lavables une dizaine de fois, ne doivent pas être portés plus de quatre heures. La collectivité a profité du remboursement par l’Etat de 50% de sa première commande du printemps (397 000€ sur 800 000€) pour commander de nouveaux modèles.
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