Aujourd'hui
Petit journal d'une confinée pas toujours très fine. Jour 28
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 13 avril 2020Chaque jour ou presque, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée parmi les autres. Une quadragénaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagne depuis le début de cette étrange parenthèse. Jour 28.
J’ai la nausée. Rien à voir avec les chocolats de Pâques cette année ! On parle sans arrêt de déconfinement et cela devient insupportable. Rappelons qu’au vu de nos carences ou manquements (insuffisance en secteur de réanimation, masques, tests), la raison principale du confinement vise à libérer des lits d’hôpitaux. Alors que nous recueillons à peine « les premiers fruits » avec l’atteinte du plateau des personnes gravement touchées, le mot déconfinement est mis à toute les sauces et attise davantage les envies des impatients-inconscients !
Certains de mes voisins ne sont pas en reste. Mais il faut bien avouer qu’en la matière, si nous avons « l’eau et l’électricité à tous les étages », comme le dit un certain adage, l’absence d’autres lumières est manifestement à déplorer. Le début du week-end de Pâques a débuté par une farandole de départs. Si certains partaient seulement renflouer leur cave, d’autres allaient clairement en soirée. Eh oui, cher Journal, lorsque l’on est strictement confiné, qu’il fait aussi beau et qu’on a la chance de posséder trois fenêtres, on aère sans arrêt. Autant dire qu’on entend tout. Alors que notre CHU vient tout juste d'accueillir de nouveaux cas de Covid-19 issus d’autres départements, parce qu’heureusement, en local, nous en recensons moins qu'ailleurs, je constate que beaucoup de gens autour de chez moi font fi des mesures, mais pas de leur week-end !
Assise tranquillement à côté de son chauffeur, Mademoiselle parfait son maquillage les doigts en éventail au soleil. L’événement doit être très attendu puisqu’elle se pomponne même dans la voiture. Les caisses remplies de bouteilles d’alcool ne sont même pas cachées. Ce qui vaut même des réflexions en face à face d’autres autochtones. Je suis choquée : n’entendent-ils pas régulièrement l’hélicoptère du CHU ? N’est-ce pas assez dissuasif cette troublante sérénade, même en pleine nuit ? Ne comprennent-ils pas que lorsqu’on se croise dans les escaliers on est loin des deux mètres de distanciation sociale préconisés ? Et que le fait de rencontrer d’autres personnes en soirée ne fait que multiplier les risques pour les plus vulnérables ?
On est bien loin des applaudissements. D’ailleurs, ici je n’en ai jamais entendu. Aucun. Et après tout, à quoi bon ? Déjà, avant, certains n’avaient même pas une once de politesse pour dire « bonjour » ou ranger correctement leurs poubelles, alors comment puis-je espérer de l’altruisme ou du bon sens ? Excuse-moi, cher Journal, le temps d’un instant, je me suis laissé croire que le Covid-19 avait éradiqué l’individualisme. C’est promis, je reviens à la réalité.
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