Hier
Petit journal d’une confinée pas toujours très fine. Jour 17.
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : vendredi 03 avril 2020Chaque jour ou presque, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée parmi les autres. Une quadragénaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagne depuis le début de cette étrange parenthèse. Jour 17.
Quelle drôle d’époque quand même ! J’évite les informations, ce qui me fait le plus grand bien. Et je regarde, quand je ne fais pas autre chose, ce qui peut le plus me distraire. Le but : ne plus penser à cette pandémie ainsi qu’à la sinistrose qu’elle trimbale. Mais les directeurs de chaînes de télévision ne nous gâtent pas vraiment, c’est le moins que l’on puisse dire ! La semaine dernière, Jean de Florette, La Vache et le prisonnier avec Fernandel. Ce sont au demeurant des films magnifiques mais, à mon humble avis, pas du tout adaptés à la situation anxiogène qui est actuellement la nôtre. En bref, ce n’est pas avec de tels choix de diffusion qu’on va se fendre la poire ! Il me semble pourtant qu’une vraie stratégie sur ce thème serait à défendre. Sans oublier toutes les enquêtes d’action sur la TNT… Certaines auraient bien le mérite de nous emmener vers les contrées plus agréables de la Méditerranée, mais c’est pour nous en décrire un tableau édifiant de la criminalité en été. Alors, non merci !
Du coup, je me suis orientée vers des propositions plus douces… Et hier, je me suis surprise à regarder trois ou quatre épisodes d’affilée de Camping Paradis. Je n’en revenais pas moi-même… mais je ferais n’importe quoi pour me changer les idées ! Et tu sais quoi cher journal, j’ai apprécié, j’ai parfois cru à ces histoires au goût inimitable. Mais en matière « d’inimitable », la réalité a clairement dépassé la fiction. Alors au final, rien d’exceptionnel. Le soleil, des affaires familiales parfois rocambolesques et résolues en 90 minutes chrono, un directeur de camping plus psychologue qu’entrepreneur, et j’ai presque oublié que le monde avait changé. Bravo !
J’ai même réussi à me replonger dans mes étés de jeunesse vendéenne. Ceux où je travaillais en camping entre mes années d’études supérieures. Le temps d’un moment, j’ai retrouvé cette insouciance : un travail intense pour accueillir des salariés en attente de leurs vacances estivales, mais sans fatigue. Leur sourire à l’arrivée, le moment des retrouvailles chaque année. Nos envies créatives pour mettre en place de belles soirées. Le son des criquets lorsqu’il faisait chaud semblant annoncer l’arrivée de la nuit. Les seules préoccupations de trouver la bonne robe pour le soir. Les fêtes avec les amis. Les histoires d’amour. Les tubes de l’été qui nous enivraient jusqu’aux petites heures du matin. Les discussions futiles près des vagues. Et ces sentiments incroyables de liberté et de puissance, comme s’il ne pouvait rien nous arriver. Que ce temps semble lointain…
J’ai changé de chaîne et j’ai l’impression d’avoir rêvé… Des experts médicaux se disputent sur l’efficacité ou non d’un médicament dont à présent le moins scientifique d’entre nous connaît le nom. Des milliers de personnes en réanimation au cœur des hôpitaux saturés de la sixième puissance mondiale. Des débats incessants sur la venue des masques. Tout cela à cause d’un virus apparu il y a quelques semaines en Chine…
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