Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
Petit journal d’une confinée pas toujours très fine. Jour 11
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 30 mars 2020
Chaque jour, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée parmi les autres. Une quadragénaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagne depuis plus d'une semaine. Jour 11.
« Le pic arrive », martèlent les autorités. Cet après-midi, le Premier ministre a annoncé une prolongation de quinze jours de confinement. Au moins. Je suis étonnée que l’on ne nous dise pas plus puisque tous les responsables soignants l’avancent déjà. On dirait qu’on essaie de « ne pas fâcher » les mécontents, tels des enfants face à la punition, et seulement préoccupés par le confinement. J’imagine déjà les prochaines publications de certain.e.s sur les réseaux sociaux.
Pas plus tard qu’hier, une jeune personne pourtant bien pourvue -grande maison avec jardin, mari, enfant et animaux- pestait à qui voulait l’entendre qu’elle « n’en pouvait plus »… Avant de se faire rabrouer sévère par une personne toujours active. Et au moment où j’écris, je lis qu’un autre dénonce « un confinement abusif ».
Que de choses intéressantes cette pandémie révèle-t-elle. Elle met décidément en exergue les limites sociales de certains, pointe du doigt l’incivisme d’autres, lève le voile sur un égocentrisme que je n’imaginais pas si grand. Quinze jours de plus à « rester chez soi ». Mais tout est relatif, n’est-ce pas ? Un confinement où, dans le même temps, on exhorte les gens à aller travailler, ce n’est, selon moi, pas un vrai confinement. Et sans doute que la persistance de la défiance à l’encontre du gouvernement, constatée un peu plus haut, s’explique aussi par cela.
Brouiller les pistes en ce moment est délétère et je m’inquiète de la tournure des choses. Les injonctions tranchent avec les approximations et ne servent pas la cause. Mais je ne veux pas aller plus loin dans ce sens aujourd’hui car il m’apparaît malgré tout que l’union doit être maintenue. Alors, je retiens la bonne nouvelle du jour : le BTP a décidé se ranger du côté de la raison, c’est rassurant. Allez, on laisse tomber les informations et on retourne en cuisine, voilà ce qui me rassure en ce moment. Après les courgettes au curry, je vais opter pour du riz à l’ortie. Et en plus, ça rime bibi !
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