Médiation animale : le bon coup de patte

A la Ferme de l’Arche, à Fontaine-le-Comte, des animaux servent de médiateurs entre le personnel hospitalier de Laborit et des jeunes de 6 à 18 ans atteints de troubles du comportement. Ces thérapeutes à fourrure se révèlent indispensables pour motiver les patients.

Romain Mudrak

Le7.info

Dans la vie, il arrive des moments où un bon coup de patte est le bienvenu... A 16 ans, Léa a déclenché une profonde anorexie. Pire, au-delà du trouble alimentaire, l’adolescente n’avait plus envie de rien. En mars dernier, prise en charge par le centre hospitalier Henri-Laborit, elle a rencontré Lili, une superbe Golden retriever de 4 ans. Ensemble, elles se sont apprivoisées mutuellement à force de câlins et de jeux communs. Chaque vendredi, Léa est venue à la Ferme de l’Arche, à Fontaine-le-Comte, pour faire le plein d’amour avec sa thérapeute à fourrure. Elle choisissait trois activités à réaliser avec la chienne : de l’agility aux exercices d’adresse, en passant par les papouilles réglementaires. Huit mois plus tard, alors que l’heure de la dernière séance a sonné, le bilan est très positif : « Il a fallu que je m’affirme pour qu’elle m’écoute. Avant, quand je demandais quelque chose, c’était plat ! Maintenant, je montre que j’ai envie. » Au plus dur de la crise, Léa a été hospitalisée d’office pour assurer sa propre protection. Elle avoue aujourd’hui que Lili l’a « motivée » à sortir plus rapidement. « Elle me manquait », confie la lycéenne qui s’apprête à reprendre une vie normale.

Lili est la reine de la Ferme de l’Arche créée par le professeur et pédopsychiatre Ludovic Gicquel. Elle évolue en liberté dans chaque espace, adore le confort des canapés et cohabite avec le médecin, les infirmiers, cadres et personnels médico-psychologiques travaillant au sein de la structure. Mais dans la basse- cour, d’autres animaux attirent aussi l’attention des visiteurs. Il y a Maurice le bouc, Victorius le lama, Lucien et Marie les oies... « Ce sont des médiateurs qui suscitent le langage, aident à acquérir une confiance en soi et envers les autres », explique Denis Laurentin. Assistant vétérinaire, il est devenu infirmier spécialiste en zoothérapie après une reconversion professionnelle.

Tisser un lien
La médiation animale est de plus en plus utilisée auprès de publics très différents. Chats, poneys, poissons rouges ou encore rapaces ont fait leur entrée dans les maisons de retraite de la Vienne (lire Le 7 n°459). Ici, une trentaine de jeunes âgés de 6 à 18 ans fréquentent la ferme une fois par semaine. Scolarisés en instituts médico-éducatif ou en centres médico-psychologiques, ils
souffrent de carences affectives, de troubles sociaux, cognitifs ou émotionnels. A travers les animaux, les praticiens parviennent à tisser un lien et établir un contact. « On travaille beaucoup sur le regard, l’attention visuelle soutenue avec l’animal, précise Denis Laurentin. Mais j’ai aussi un enfant hyperactif qui s’est endormi une fois dans la paille avec une poule sur l’épaule. Il était apaisé. » Dans cette ferme hors du commun, le bien-être n’est pas oublié. Les animaux sont les premiers à décider du bon déroulement de la séance. Tous ceux qui ont déjà tenté de faire avancer un lama récalcitrant comprendront...

 

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