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Visite au cœur des cimetières familiaux
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mercredi 20 novembre 2019Leur histoire remonte à une époque où les protestants n’étaient pas en odeur de sainteté. A Saint-Sauvant, 250 cimetières familiaux parsèment le village, dissimulés ou exposés à tous les regards.
Premier arrêt à l’entrée d’un sentier de randonnée, hameau de Poneuf. La voiture n’ira pas plus loin. Les bottes sont indispensables pour traverser une prairie couverte de ronces. Après quelques minutes de marche, au milieu d’une bande forestière d’une trentaine de mètres de large, les monuments funéraires apparaissent. C’est là que sont enterrés, depuis le XVIIIe siècle, une grande partie des aïeuls d’Alain Chamaillard, notre guide à travers les cimetières protestants de Saint-Sauvant et conseiller municipal de la commune. « Seul mon arrière-grand-père a été inhumé à Lusignan pour être avec son épouse catholique », rappelle-t-il. Cette pratique séculaire remonte à l’Edit de Nantes et aux guerres de religions. Pendant des centaines d’années, les morts protestants sont enterrés dans la clandestinité. Et cette partie du Poitou n’échappe pas à la règle. Saint-Sauvant compterait encore 250 cimetières familiaux visibles. « Et peut-être même plus », confie l’élu.
Chacun s’occupe de ses morts
Protégées par la forêt, près d’un champ cultivé ou à quelques mètres d’une maison ancienne, les pierres tombales font réellement partie du décor. Les buis, cyprès et autres pins parasols marquent leur présence. « Chacun s’occupe de ses morts. Quand la maison est vendue, les nouveaux propriétaires laissent un droit de passage à la famille », explique l’expert. La seule exception à la règle est historique. Le dernier représentant de l’éminente famille Pérochon a légué tous ses biens à la commune, ce qui a d’ailleurs permis de construire une piscine publique dans les années 70. Un luxe pour un village de 1 800 habitants. En contrepartie, les agents municipaux se sont engagés à prendre soin de quatre cimetières, notamment dans les hameaux d’Anne-Marie et de Leterpe.
Un peu plus loin, à l’écart du bourg, à La Forêt, un jardin paisible abrite une dizaine de sépultures. La plus récente date de 2016 car, oui, cette dernière volonté est encore autorisée. Trop loin, trop dispersés, les héritiers ont ici confié l’entretien du site à l’Association pour la sauvegarde des cimetières familiaux protestants. Basée à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, l’équipe de bénévoles œuvre depuis 1997 sur une zone particulièrement marquée par le protestantisme allant du Pays mélusin au Mellois, en passant par une partie de la Charente-Maritime. Désherbage, élagage, reconstruction de murs ou réparation de monuments funéraires, les prestations sont payantes, mais rendent un fier service. « A Saint-Sauvant, l’entreprise d’insertion SEI réalise une partie de ce travail », précise Alain Chamaillard. Il plaide pour la création de circuits touristiques autour de ces cimetières. Une manière de « mettre en lumière ce patrimoine original et l’histoire locale du protestantisme ».
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