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L’agriculture bio connaît un développement remarquable dans la Vienne. Le Mois de la bio, jusqu'au 30 novembre, doit permettre d’achever de sensibiliser les professionnels encore réticents.
Jamais l’agriculture biologique n’avait connu une telle croissance dans la Vienne. Alors que débute la 8e édition du Mois de la bio (4-30 novembre), à destination des professionnels, le département affiche une augmentation de 21% de fermes converties ou en passe de l’être entre 2017 et 2018.
« Les céréaliers représentent 60% des 480 fermes bio du département », constate Claire Vanhée, conseillère à Vienne Agrobio. Damien Savoyant est l’un d’eux. L’agriculteur de Doussay exploite 120ha de grandes cultures, 50ha de prairies pour une trentaine de vaches allaitantes et 2ha de légumes de plein champ. « En 2019, j’ai pu vendre toutes mes récoltes en bio ! », lance-t-il, satisfait du résultat des deux ans légaux de conversion... et de plusieurs années de réflexion. « Je faisais déjà de l’agriculture raisonnée mais j’étais arrivé au bout du système. J’avais surtout besoin d’être rassuré sur le bio. »
Le temps de la réflexion est essentiel. Ce que Claire Vanhée nomme « l’effet tache d’huile » fait le reste et explique en partie la cartographie de l’agriculture bio, avec des zones traditionnellement plus denses au sud (Montmorillonnais, Civraisien), de nouvelles zones comme la plaine mirebalaise, et des « déserts bio » autour de Loudun, Lusignan...
Production « mieux commercialisée »
« La plupart des agriculteurs se demandent s’ils vont y arriver techniquement, notamment par rapport au salissement(ndlr, enherbement) des parcelles », souligne Claire Vanhée. Damien Savoyant a opté pour le désherbage mécanique. « J’ai aussi allongé les rotations à cinq-six cultures. »
« Aujourd’hui, ma production est plus réduite, mais je la commercialise mieux », relève Mickaël Moreau, éleveur de vaches laitières, mu par « une vraie envie personnelle ». Le lait collecté dans sa ferme d’Ayron peut désormais prétendre au label bio, tout comme les légumes de Mathieu Rullier, à Mignaloux-Beauvoir. Maraîcher par conviction, il a pesé les atouts de la mécanisation, du travail manuel, des associations de cultures, pour tirer le meilleur de friches. Il écoule 80% de sa production en vente directe.
Bien sûr, tout n’est pas tout vert, notamment lorsque le versement des aides à la conversion tarde. « J’ai dû les attendre cinq ou six mois... », déplore Damien Savoyant. Mieux vaut donc avoir un peu de trésorerie. Mais « les agriculteurs qui s’engagent dans le bio ne reviennent pas en arrière », assure Claire Vanhée.
Aujourd’hui, 7,5% de la surface agricole départementale est en bio, ce qui place la Vienne dans le trio de tête régional, avec le Lot-et-Garonne et la Dordogne. « Le plus compliqué, note Mathieu Rullier, est de gérer la production par rapport aux débouchés. »
Plus d’infos sur moisdelabio.fr
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lundi 23 décembre